Wiki Vos histoires de LGDC
Wiki Vos histoires de LGDC
Advertisement


⛔️ Plagiat
Une reproduction complète de cette page sans une autorisation de l'auteur est interdite.
Par respect pour le créateur, merci de ne pas modifier cette page sans son autorisation, même si ce n’est que pour y ajouter des catégories.

Si vous n'avez pas lu le tome 1 alors c'est le moment !

Avant de lire[]

Ceci est le deuxième tome de la saga ''Troubles'', j'espère qu'il vous plaira et bonne lecture!

Allégeances[]

Allégeance du Clan de l'Ombre
Chef(fe) Etoile du Pommier- Mâle imposant au pelage marron tigré et aux yeux verts. Il a une petite tache blanche sur le poitrail.
Lieutenant(e) Echo Lumineux- Matou tacheté au poil brun doré. Il possède les quatre pattes, le poitrail, le ventre, le bout de la queue et des oreilles blanches.
Guérisseur(se)(s) Croc de Louve- Maigre femelle tout en muscles au pelage tigré sombre et aux yeux ambrés.
Guerrier(ère)s MÂLES ET FEMELLES SANS PETITS
  • Griffe de Brume- Mâle au pelage gris argenté avec des reflets bleutés, il a des poils longs et épais, il a des yeux ambrés perçants.
  • Plume de Faucon- Matou au pelage brun tacheté de noir avec des rayures sur le dos, il a des yeux dorés.
  • Coeur de Givre- Femelle blanc pur avec des touches grises aux oreilles et à la queue, elle a des poils courts et des yeux bleu glacé.
  • Vent du Crépuscule- Grand mâle roux clair avec des teintes argentées sur le museau et la queue, yeux gris doux.
  • Tempête d’Argent- Fin mâle gris clair avec des taches blanches autour des pattes et du museau, au poil semi-long et aux yeux bleu-gris.
  • Griffe d’Aigle- Mâle au pelage brun foncé avec des rayures noires, poil court et dense, yeux orange vif.
  • Pelage de Lune- Jeune femelle au pelage blanc immaculé avec une lueur argentée sous la lune, poil mi-long et yeux bleu pâle.
  • Feuille de Ronce- Femelle brun-roux avec des motifs plus foncés sur les pattes et la queue, aux yeux verts émeraude.
  • Ombre de Fougère- Petit félin brun foncé avec un ventre beige, aux yeux verts profonds et au poil court.
  • Griffe de Glace- Femelle gris pâle, presque blanche avec des taches bleu-gris claires, au poil long et aux yeux bleu vif.
  • Chant du Rossignol-Femelle au pelage marron clair tacheté de roux, yeux ambrés brillants.
  • Rayure de Sable- Femelle jaune sable avec des rayures rousses, au poil court, aux yeux noisette.
  • Plume de Chêne- Mâle brun doré, épais, avec des reflets cuivrés sous le soleil, aux yeux verts émeraude.
  • Griffe de Roc- Petit mâle musculeux au pelage gris sombre.
  • Aile de Brochet- Mâle noir aux yeux bleus.
  • Coeur de Flamme- Femelle court-sur-patte au pelage roux pâle.
  • Bruine Epineux- Mâle haut sur patte roux tigré.
Apprenti(e)(s) ÂGÉS D'AU MOINS 6 LUNES, ENTRAÎNE POUR DEVENIR DES GUERRIERS
  • Nuage de Canarie- Mâle jaune sable aux extrémités claires.
  • Nuage de Fougère- Femelle tigré aux yeux verts pommes.
  • Nuage d'Eclair- Mâle haut-sur-patte crème tigré de roux aux yeux bleus.
Reine(s) FEMELLES PLEINES OU EN TRAIN D'ALLAITER
Chaton(ne)(s) CHATONS ÂGÉS DE MOINS DE SIX LUNES
Ancien(ne)(s) GUERRIERS ÂGES
  • Brume de Pissenlit- Femelle au poil court jaune sable aveugle.


Divers
Solitaire
  • Eclair d'Orage - Grand mâle au pelage noir profond avec des éclairs blancs sur le flanc, aux yeux verts brillants.
  • Plume de Corbeau- Mâle noir jais avec une légère nuance de violet sous la lumière, aux yeux jaunes perçants.


Chapitre I[]

Le Clan de l'Ombre commençait doucement à se reconstruire. Les plaies laissées par la trahison d'Éclair d'Orage et la bataille récente étaient encore visibles, mais les guerriers restaient résilients. Ils réparaient les tanières, soignaient les blessés, et certains, comme Nuage d’Éclair, cherchaient à retrouver un semblant de normalité dans cette nouvelle ère de paix fragile.

Ce matin-là, Nuage d’Éclair était parti chasser avec ses frères et sœurs, Nuage de Canarie et Nuage de Fougère. Ils s’étaient aventurés dans la forêt, laissant derrière eux le camp en pleine effervescence, tandis que leurs camarades travaillaient à remettre sur pied ce qui avait été détruit. La tension de la bataille s'était dissipée dans l'air frais de la forêt, laissant place à une atmosphère plus légère, presque apaisante.

Les arbres s’étendaient à perte de vue autour d’eux, leurs branches entremêlées formant un toit protecteur au-dessus des jeunes apprentis. Le parfum de la mousse humide et des feuilles froissées emplissait les narines de Nuage d’Éclair, et pour la première fois depuis plusieurs jours, il se sentait détendu. Ici, loin du chaos du camp et des murmures sur les traîtres, il pouvait simplement être un chaton en plein apprentissage.

Nuage de Canarie marchait devant, sa queue battant joyeusement de droite à gauche.

« Ça fait du bien de sortir, n’est-ce pas ? » dit-il en regardant ses deux frères et sœurs. « Le camp est tellement bruyant, et tout le monde est tellement sérieux ces derniers temps. Je suis content qu’on puisse chasser ensemble. »

Nuage de Fougère, marchant à ses côtés, acquiesça avec un sourire.

« Oui, ça change de l’ambiance lourde du camp. Il faut bien qu’on participe aussi à reconstruire la réserve de proies. Je suis sûre qu’on va trouver plein de rongeurs aujourd'hui. »

Nuage d’Éclair, bien que plus silencieux, partageait leur sentiment. La forêt représentait pour lui une échappatoire à ses pensées tourmentées, une chance de se reconnecter avec la nature, loin des conflits de clans et des trahisons. Cependant, malgré ce répit, les événements récents restaient ancrés dans son esprit. La mort de sa mère, la trahison d’Éclair d'Orage, et surtout, ce sentiment croissant que tout n’était pas aussi simple qu’il l’avait cru autrefois.

En silence, il se sépara légèrement du groupe, ses pas silencieux s'enfonçant dans les sous-bois. Ses oreilles étaient dressées, à l’affût des moindres bruits, ses yeux perçants guettant le mouvement discret d’une proie. Soudain, il repéra un campagnol, occupé à grignoter une graine au pied d’un buisson. Son cœur s’emballa légèrement tandis qu'il s’accroupissait, s'approchant avec une lenteur calculée, chaque muscle tendu sous son pelage gris clair.

D’un bond précis, il s’élança et attrapa le campagnol d’un coup vif de patte. Le rongeur n’eut pas le temps de réagir. Nuage d’Éclair se redressa, la proie entre les dents, et un sentiment de satisfaction envahit son être. Pour une fois, il avait réussi à se concentrer pleinement sur la chasse, à ignorer l'agitation de son esprit.

Nuage de Canarie et Nuage de Fougère revinrent vers lui, chacun portant une souris dans la gueule. « Belle prise, Nuage d'Éclair ! » s'exclama Nuage de Canarie en déposant sa proie à ses pieds. « On va bientôt remplir la réserve de nourriture à ce rythme. »

Nuage de Fougère renifla l’air autour d’elle, ses oreilles frémissant légèrement.

« Il y a encore des traces de proies par ici, mais elles semblent plus rares aujourd'hui. On ferait peut-être mieux de se rapprocher du ruisseau. »

Ils continuèrent à avancer ensemble à travers la forêt, une harmonie silencieuse régnant entre eux. Malgré tout ce qu'ils avaient vécu, ces moments partagés leur rappelaient qu’ils avaient encore leur famille, leur Clan, et une raison de continuer à se battre, même en dehors des batailles sanglantes. Chasser pour le Clan, c’était aussi une manière de le reconstruire, de le maintenir en vie.

Alors qu'ils atteignaient la rive du ruisseau, Nuage d’Éclair s'arrêta un moment, observant l'eau scintiller sous la lumière du soleil. Il se pencha pour boire, laissant le liquide frais apaiser sa gorge sèche. Derrière lui, Nuage de Canarie et Nuage de Fougère discutaient en riant doucement. Pour la première fois depuis longtemps, Nuage d'Éclair se surprit à sourire. Ici, dans cette forêt paisible, loin des complots et des guerres, il pouvait encore trouver une forme de paix.

Mais il savait que cette tranquillité ne durerait pas. Il restait beaucoup à faire, des mystères à résoudre, et des cœurs à guérir. Le Clan de l'Ombre se relevait, lentement mais sûrement, tout comme lui. Cependant, la voie qu'il devait emprunter restait encore incertaine, et il sentait que son destin, révélé par l'ancienne guerrière, n'était qu'à ses prémices.

Pour l'instant, il se contenterait de savourer ce calme éphémère, aux côtés de ceux qu’il aimait. Car bientôt, il serait à nouveau confronté aux ombres qui rôdaient encore autour de son Clan.

Chapitre II[]

La forêt continuait de murmurer doucement autour d’eux, le vent sifflant à travers les branches, créant une ambiance sereine. Nuage d’Éclair, Nuage de Canarie et Nuage de Fougère chassaient paisiblement près du ruisseau, profitant de cette rare occasion de calme après les tourments récents. Leurs proies s'entassaient peu à peu, et chacun se sentait utile à la reconstruction du Clan.

Nuage de Fougère, curieuse de tout, s'était aventurée près de l'eau, observant avec fascination les petits poissons qui nageaient sous la surface.

« Regardez ! » s'exclama-t-elle joyeusement. « Ils sont tellement rapides ! Je parie que je peux les attraper. »

« Fais attention, Nuage de Fougère, l’eau est plus traîtresse qu’elle n’en a l’air, » prévint Nuage d’Éclair en plissant les yeux, inquiet.

Mais la jeune chatte, pleine de confiance, s’approcha encore un peu plus du bord, ses pattes glissant légèrement sur les rochers humides. Nuage de Canarie secoua la tête.

« N’essaie pas de te lancer des défis impossibles ! » plaisanta-t-il, mais une pointe d'inquiétude perçait dans sa voix.

Soudain, ce qui devait arriver arriva. En voulant tendre la patte pour essayer de capturer un poisson, Nuage de Fougère perdit l’équilibre. Son corps frêle bascula brusquement dans le ruisseau avec un grand éclat d’eau. Le courant, bien plus fort qu’il ne paraissait, l’emporta immédiatement.

« Nuage de Fougère ! » cria Nuage d’Éclair, paniqué.

Nuage de Fougère luttait désespérément, ses pattes battant l’eau dans un effort frénétique pour essayer de regagner la rive. Mais le courant l’entraînait toujours plus loin. Son museau perçait à peine la surface, et elle avala plusieurs gorgées d’eau en essayant de respirer. L’horreur peignit son visage tandis que ses forces semblaient diminuer à vue d'œil.

Sans réfléchir, Nuage d’Éclair fit un bond vers le bord de l’eau, mais avant qu’il ne puisse plonger, un éclair de fourrure brune le devança. Plume de Chêne, un grand guerrier musclé, surgit des buissons à une vitesse fulgurante. Il plongea dans le ruisseau, sans hésitation, nageant puissamment à contre-courant. En quelques secondes, il atteignit Nuage de Fougère, l’attrapant délicatement par la peau du cou.

Avec une force impressionnante, Plume de Chêne parvint à ramener l’apprentie sur la rive, hors de danger. Il déposa Nuage de Fougère, trempée et haletante, sur la terre ferme. Elle toussa violemment, recrachant l’eau qu’elle avait avalée, les yeux écarquillés de peur.

Nuage d’Éclair et Nuage de Canarie accoururent, leurs regards affolés fixés sur leur sœur.

« Tu vas bien, Nuage de Fougère ? » demanda Nuage de Canarie, visiblement soulagé mais encore sous le choc.

Nuage de Fougère hocha faiblement la tête, sa respiration encore saccadée.

« Je… je n’ai jamais cru que l’eau pouvait être si dangereuse… »

Plume de Chêne, secouant l’eau de son pelage épais, s’avança vers les trois apprentis, son regard sévère fixé sur eux.

« Qu’est-ce que vous faisiez exactement ? » demanda-t-il d’une voix grave, son ton laissant entendre qu’il n'était pas content du tout.

Nuage d’Éclair baissa les yeux, se sentant coupable de ne pas avoir été plus insistant dans sa mise en garde. Nuage de Fougère, encore tremblante, s’expliqua d'une voix faible.

« Je voulais juste… essayer d’attraper un poisson… »

Plume de Chêne secoua la tête, l'air exaspéré.

« Attraper un poisson ? Ce n’est pas ce qu’un apprenti du Clan de l'Ombre est censé faire ! Vous savez bien que les ruisseaux sont dangereux, surtout en cette saison. L’eau peut paraître calme en surface, mais le courant en dessous est impitoyable. » Il marqua une pause, son regard perçant passant de l’un à l’autre des apprentis. « Vous êtes chanceux que je sois arrivé à temps. Nuage de Fougère aurait pu ne pas s'en sortir. »

Les trois apprentis baissèrent la tête, visiblement honteux. Plume de Chêne reprit d'une voix plus douce, mais ferme :

« Vous devez toujours faire attention, surtout près de l’eau. Votre devoir est de protéger le Clan, mais vous ne pouvez pas le faire si vous mettez votre propre vie en danger pour une erreur stupide. C’est une leçon que vous devez retenir. La nature peut être belle, mais elle peut aussi être mortelle si vous ne la respectez pas. »

Nuage d’Éclair hocha la tête, prenant à cœur ces mots.

« Désolé, Plume de Chêne. Nous aurions dû être plus prudents. »

Plume de Chêne renifla légèrement, semblant apaiser sa colère.

« Il n’y a rien de mal à vouloir apprendre, mais faites-le avec sagesse. Vous avez encore beaucoup à apprendre, et la forêt elle-même peut vous enseigner des leçons dures si vous ne l'écoutez pas. » Puis, s'adoucissant encore plus, il ajouta : « Rentrez maintenant. Et faites attention la prochaine fois. »

Nuage d’Éclair, Nuage de Canarie et Nuage de Fougère suivirent Plume de Chêne en direction du camp, la leçon gravée dans leur esprit. Le poids de l'avertissement de Plume de Chêne les accompagnait tandis qu'ils avançaient en silence, laissant derrière eux le ruisseau où Nuage de Fougère avait failli perdre la vie.

De retour au camp, Nuage de Fougère était encore trempée, mais elle semblait avoir retrouvé un peu de couleur. Ses frères restaient proches d'elle, veillant sur elle avec une attention renouvelée. Ce jour-là, ils avaient compris que même les choses les plus innocentes pouvaient cacher un danger, et que chaque instant comptait dans la vie d’un guerrier.

Chapitre III[]

Le groupe d’apprentis et Plume de Chêne venait tout juste de franchir l'entrée du camp lorsque deux silhouettes familières s’avancèrent vers eux. Étoile du Pommier, chef du Clan de l'Ombre, les observait avec un regard sévère. À ses côtés se tenait Écho Lumineux, le lieutenant du Clan et le père des trois apprentis, dont les yeux d'un bleu perçant brillaient d'une froide désapprobation. Le poids de leur autorité fit immédiatement ployer les épaules de Nuage d’Éclair, Nuage de Canarie et surtout Nuage de Fougère.

Les apprentis baissèrent instinctivement la tête, sentant le reproche imminent dans l’air. Étoile du Pommier ne tarda pas à exprimer sa colère.

« Que s’est-il passé ici ? » demanda-t-il d’une voix grave, son regard passant de Plume de Chêne aux apprentis. « Pourquoi Nuage de Fougère est-elle trempée ? »

Plume de Chêne s’avança légèrement, respectueux mais ferme.

« Nuage de Fougère a glissé dans le ruisseau en essayant d’attraper un poisson. Elle a failli se noyer, mais je suis intervenu à temps. »

Écho Lumineux plissa les yeux, ses moustaches frémissant d’irritation. Il se tourna vers sa fille, qui évitait son regard.

« Nuage de Fougère, est-ce vrai ? » Sa voix était calme, mais teintée d’une froideur qui indiquait qu'il était profondément déçu.

Nuage de Fougère, tremblante de honte et de froid, hocha timidement la tête.

« Je… je suis désolée, Père. Je n’ai pas réfléchi… »

Mais Écho Lumineux ne comptait pas la laisser s’en sortir avec de simples excuses.

« Tu n’as pas réfléchi, c’est vrai. Mais tu aurais pu y laisser la vie aujourd’hui ! Que se serait-il passé si Plume de Chêne n’avait pas été là pour te sauver ? Sais-tu ce que cela signifie d’être un apprenti guerrier ? La moindre erreur peut être fatale. La forêt ne pardonne pas l’imprudence. »

Nuage de Fougère se tassait de plus en plus sous le regard accusateur de son père. Son frère, Nuage de Canarie, essayait de se faire petit, tandis que Nuage d’Éclair, bien qu'ému par la situation, ne savait que dire pour défendre sa sœur.

Étoile du Pommier, qui avait jusque-là observé en silence, décida d'intervenir. Ses mots étaient calmes, mais fermes, tout en étant empreints d'une déception visible.

« Nous attendons plus de toi, Nuage de Fougère. Tu es une apprentie du Clan de l'Ombre, et tu as des responsabilités envers le Clan, envers ta famille, et envers toi-même. Courir après un poisson ne fait pas partie de tes devoirs. » Il tourna son regard perçant vers Nuage d’Éclair et Nuage de Canarie. « Et vous deux, où étiez-vous pendant tout cela ? Vous êtes censés veiller les uns sur les autres. Un guerrier ne se bat jamais seul, et encore moins ne laisse l'un des siens prendre des risques inutiles. »

Nuage d’Éclair se mordit la lèvre, honteux. Il aurait dû insister plus fort pour empêcher Nuage de Fougère d’approcher du ruisseau, ou du moins la surveiller de plus près. Quant à Nuage de Canarie, il ne trouvait pas les mots pour se défendre. Tous deux savaient qu’Écho Lumineux avait raison.

Étoile du Pommier prit une profonde inspiration, adoucissant légèrement son ton, mais sans perdre sa fermeté.

« Vous êtes jeunes, et il est normal de faire des erreurs. Mais apprenez de celles-ci, ou vous finirez par payer le prix fort. Les dangers de la forêt ne se limitent pas aux Clans ennemis. »

Plume de Chêne, qui observait la scène avec patience, ajouta d’une voix posée :

« Ils ont compris la leçon. Mais je pense qu’ils ont besoin d’un rappel constant. La forêt peut être aussi mortelle que belle. »

Nuage de Fougère releva timidement la tête, ses yeux brillants de larmes retenues.

« Je suis vraiment désolée. Je ne referai plus jamais la même erreur. »

Étoile du Pommier lui jeta un dernier regard sévère, mais il hocha la tête.

« Je l’espère. Nous avons besoin de toi, Nuage de Fougère, ainsi que de vos frères. Ne prenez pas ces avertissements à la légère. »

Écho Lumineux, quant à lui, se tourna vers Plume de Chêne, reconnaissant.

« Merci de les avoir sauvés. Nous te devons beaucoup. »

Plume de Chêne hocha simplement la tête, ne cherchant aucune gloire pour son geste.

« Je n’ai fait que mon devoir. »

Alors que les apprentis se retiraient, le cœur lourd mais conscients de la chance qu'ils avaient eue, Nuage d’Éclair réfléchissait à tout ce qui s'était passé. Les dangers de la forêt, la responsabilité qui pesait sur ses épaules et la fragilité de la vie de Clan se faisaient de plus en plus tangibles à mesure qu’il grandissait.

Chapitre IV[]

Nuage d'Éclair venait à peine de s'installer près du tas de gibier pour reprendre son souffle après une longue journée d’entraînement lorsque le camp du Clan de l'Ombre se remplit d'une agitation soudaine. Un guerrier venait d’entrer en trombe, le pelage ébouriffé et les yeux écarquillés. Plume de Faucon, un guerrier au pelage brun tacheté de noir avec des rayures marquées sur le dos, semblait presque méconnaissable, son regard d’ordinaire si calme maintenant hanté par l’effroi.

Les murmures s’intensifièrent autour du camp alors que le guerrier se dirigeait directement vers le promontoire où Étoile du Pommier se tenait, alerté par les bruits. Les membres du Clan s'attroupèrent, tous curieux et inquiets de découvrir ce qui avait pu terrifier à ce point un guerrier aussi expérimenté que Plume de Faucon.

« Plume de Faucon, que se passe-t-il ? » demanda Étoile du Pommier, sa voix grave résonnant dans le silence du camp. Ses yeux, remplis d’une vive inquiétude, fixaient intensément le guerrier en proie à la panique.

« Étoile du Pommier, j’ai vu… » Plume de Faucon reprit son souffle, sa voix tremblante. « Une horde de félins… une meute entière ! Ils ne voyageaient pas seuls : des chiens étaient avec eux, imposants et féroces, et semblaient prêts à obéir à leurs moindres ordres. »

Un frisson parcourut le Clan. Des chiens ? Avec une horde de chats ? C’était une alliance contre-nature et terrifiante. Les félins étaient les ennemis naturels des chiens. L’idée que des chats aient réussi à former une alliance avec eux était impensable… et terriblement dangereux.

Étoile du Pommier s'avança d’un pas, tendu.

« Où as-tu vu cela, Plume de Faucon ? Combien étaient-ils ? »

Plume de Faucon ferma les yeux, se remémorant les images qui hantaient encore son esprit.

« C’était près de la frontière des pins, à l’est du territoire. Ils étaient nombreux, peut-être une vingtaine de félins, tous semblant parfaitement coordonnés. Les chiens étaient enchaînés, mais ils semblaient obéir à un chef félin, comme s'ils avaient été dressés pour la bataille. »

Les murmures reprirent de plus belle dans le camp. L'angoisse était palpable. Les chatons et les anciens se rapprochèrent, cherchant réconfort auprès des guerriers et des reines. Nuage d'Éclair, quant à lui, observait la scène avec des yeux remplis d'inquiétude. Ce qu'il venait d'entendre dépassait tout ce qu'il aurait pu imaginer.

Étoile du Pommier resta pensif un instant, son regard se durcissant.

« Tu as bien fait de venir nous prévenir, Plume de Faucon. Si cette horde se dirige vers nous, ils pourraient représenter une menace que nous n’avons encore jamais affrontée. » Il tourna son regard vers Écho Lumineux, le lieutenant. « Rassemble une patrouille immédiatement. Nous devons en savoir plus sur leurs mouvements et leurs intentions. »

Écho Lumineux hocha la tête, ses yeux brillaient d'une lueur déterminée.

« Oui, Étoile du Pommier. Je prendrai avec moi les guerriers les plus aguerris. »

Alors que le Clan se dispersait pour préparer une défense éventuelle, Nuage d'Éclair ne pouvait s’empêcher de sentir une étrange combinaison de peur et de curiosité. Il comprenait la gravité de la situation, mais il était aussi pris d’une envie d’agir, de défendre son Clan contre cette menace inconnue. Le regard sombre de Plume de Faucon et l'inquiétude évidente dans les yeux d'Étoile du Pommier suffisaient à convaincre Nuage d'Éclair que leur prochaine potentielle bataille serait bien différente de tout ce qu’ils avaient affronté jusqu'à présent.

Chapitre V[]

À peine Plume de Faucon eut-il terminé son récit que des murmures inquiets envahirent le camp comme un vent glacial traversant les pins. Les félins échangeaient des regards empreints de crainte, les reines resserraient leurs queues autour des chatons, et même les guerriers les plus aguerris semblaient éprouver un frisson d'appréhension. Une meute de chiens dirigée par des chats, à leurs portes ? Cela ne ressemblait à aucune menace qu’ils aient affrontée auparavant.

Étoile du Pommier, debout sur le promontoire, éleva la voix pour ramener le calme.

« Silence ! » Sa voix, d’ordinaire douce mais ferme, résonna avec une autorité rare. « Je sais que ce que Plume de Faucon a rapporté est inquiétant, mais nous devons garder notre calme. Nous avons affronté de nombreux dangers par le passé, et ce n'est pas le moment de se laisser envahir par la peur. Tant que nous ne savons pas quels sont les véritables desseins de cette horde, restons vigilants et unis. »

Les murmures se turent peu à peu, et les regards anxieux se tournèrent vers le chef du Clan, comme si la détermination d’Étoile du Pommier suffisait à apaiser leurs inquiétudes. Mais Nuage d'Éclair pouvait sentir la tension pesante qui imprégnait l'air, malgré les mots rassurants de leur chef.

Il se dirigea vers l'entrée de la pouponnière, où il aperçut sa sœur, Nuage de Fougère, recroquevillée sur elle-même, les yeux écarquillés de peur. Il s’approcha doucement et posa une patte réconfortante sur son épaule.

« Nuage de Fougère, ça va ? » murmura-t-il d’une voix apaisante.

Elle releva la tête, son regard brillant de panique.

« Nuage d'Éclair… tu as entendu ce que Plume de Faucon a dit ? Une meute de chiens… et ces chats qui les contrôlent ? On ne peut pas les affronter ! Et si… et si quelque chose nous arrivait, ou pire, à nos parents ? » Sa voix tremblait, et Nuage d'Éclair sentit l'angoisse de sa sœur se propager en lui comme une onde glaciale.

Il s’assit près d’elle et entoura son épaule de sa queue, essayant de trouver les mots justes.

« Écoute, Nuage de Fougère, je sais que c’est effrayant. Je suis inquiet aussi. Mais Étoile du Pommier et notre père savent ce qu’ils font. Ils ne nous laisseront pas tomber. Nous avons déjà affronté des dangers ensemble, et nous serons tous là les uns pour les autres. »

Elle hocha doucement la tête, se blottissant un peu plus près de lui.

« Tu as raison, Nuage d'Éclair. On est plus forts ensemble. »

Il lui sourit, essayant de masquer sa propre incertitude.

« Exactement. Et moi, je serai toujours là pour toi, quoi qu’il arrive. »

Nuage de Fougère inspira profondément, semblant puiser de la force dans les paroles de son frère.

« Merci, Nuage d'Éclair. » Elle releva la tête, un éclat de courage timide dans les yeux. « Je vais m’entraîner encore plus dur pour être prête, moi aussi. »

Nuage d'Éclair hocha la tête avec un sourire de fierté.

« C’est l’esprit ! N’oublie jamais que tu fais partie du Clan de l'Ombre, le Clan le plus courageux et loyal de la forêt. »

Chapitre VI[]

Alors que le soleil déclinait, projetant des ombres longues et inquiétantes dans le camp, une patrouille fatiguée mais alarmée revint précipitamment. En tête de ce groupe, Écho Lumineux, le lieutenant du Clan, marchait à grands pas vers le promontoire où Étoile du Pommier les attendait. Ses yeux d’un vert perçant exprimaient une gravité qui fit taire les murmures curieux des félins du Clan.

Étoile du Pommier sauta souplement du promontoire pour les accueillir, et il n’eut besoin que d’un regard vers Écho Lumineux pour comprendre que les nouvelles n’étaient pas bonnes.

« Que s'est-il passé ? » demanda-t-il d’une voix calme mais tendue.

Écho Lumineux échangea un regard avec les autres membres de la patrouille – Griffe d'Aigle, un guerrier massif à l'air sombre, Ombre de Fougère, la chatte au pelage brun tigré, et Griffe de Glace, dont le pelage blanc semblait presque luminescent dans la lumière du crépuscule. Le lieutenant prit une profonde inspiration avant de parler, sa voix grave résonnant dans le camp qui, peu à peu, retenait son souffle.

« Étoile du Pommier… nous avons trouvé des signes de la horde que Plume de Faucon avait évoquée. Ils sont à la frontière sud, et… » Il fit une pause, cherchant les mots. « À leur tête, c’était Éclair d'Orage. »

À ces mots, des murmures choqués éclatèrent parmi les félins. Éclair d'Orage, ce guerrier autrefois respecté, banni pour trahison, était maintenant à la tête d'une horde menaçante.

Le visage d’Étoile du Pommier se durcit, et il plongea son regard dans celui d’Écho Lumineux.

« Es-tu sûr de ce que tu dis, Écho Lumineux ? » demanda-t-il d'une voix basse mais tranchante.

« Absolument certain, Étoile du Pommier, » répondit le lieutenant. « Nous avons tous vu Éclair d'Orage. Il n’avait même pas l’air de se cacher. Il nous a observés comme s’il voulait que nous le voyions, comme s’il voulait que tu saches qu’il est là… et qu’il n’est plus seul. »

Étoile du Pommier se détourna, ses yeux se perdant dans le lointain. Son visage se crispa sous le poids des révélations. Cet ancien guerrier du Clan de l'Ombre, jadis un camarade de confiance, était devenu l’ennemi juré de son Clan suite au fait qu'il ait mené un plan contre son chef, et il revenait avec une vengeance et une menace bien plus grande.

Nuage d’Éclair, qui écoutait la scène à distance, sentit son cœur se serrer. Une rage froide envahit son être, ravivant en lui les souvenirs de sa mère assassinée. Éclair d'Orage, cet ennemi qu’il avait été obligé de haïr, celui qui avait semé la trahison et la souffrance dans son Clan, revenait les tourmenter. La scène autour de lui lui semblait irréelle, tandis que les murmures et les plaintes des félins effrayés emplissaient l'air.

Soudain, la voix d’Étoile du Pommier s’éleva, déterminée et puissante.

« Guerriers du Clan de l'Ombre, nous ne laisserons pas la menace d’Éclair d'Orage nous ébranler. Demain, nous préparerons des patrouilles de défense pour protéger nos frontières. Nous restons vigilants et unis, car c’est en restant soudés que nous triompherons de cet ennemi. »

Les félins se rassemblèrent autour de leur chef, retrouvant peu à peu leur courage. La peur n'avait pas disparu, mais on remarquait déjà certains guerriers prêt à mettre une raclée à ce traître.

Chapitre VII[]

Nuage d'Éclair s’éloignait du centre du camp lorsque Cœur de Givre, une guerrière au pelage blanc pur, s'approcha de lui. Son allure douce et posée cachait des émotions profondes, et ses yeux d’un bleu glacé semblaient plus troublés que d’ordinaire. Il s’arrêta, remarquant qu’elle avait quelque chose d'important à lui dire.

« Nuage d'Éclair, pourrais-tu m'accorder un moment ? » demanda-t-elle d'une voix douce, teintée d'une certaine nervosité.

Il hocha la tête, curieux. Cœur de Givre était toujours présente pour lui avec un mot d'encouragement ou un conseil, surtout dans les moments les plus difficiles de son apprentissage. Il respectait cette guerrière pour sa sagesse et sa capacité à apaiser les craintes des autres.

« Bien sûr, Cœur de Givre. Qu’est-ce qui te tracasse ? » demanda-t-il.

Elle hésita un instant, ses yeux bleu glacé fixant le sol. Finalement, elle inspira profondément et se confia d’une voix basse :

« J'attends des chatons. »

Nuage d’Éclair ouvrit de grands yeux, surpris par cette révélation. Cependant, la joie qu'il espérait lire dans ses yeux n'y était pas. À la place, il perçut de l'incertitude, presque une peur. Avant qu’il ne puisse poser de question, elle poursuivit, le regard toujours baissé.

« Ce sont les petits de Plume de Faucon, » dit-elle, sa voix douce se brisant presque sous l’émotion.

Elle releva alors ses yeux, cherchant à capter l’attention de Nuage d’Éclair, comme si elle s’attendait à trouver un peu de soutien chez lui.

« Mais je ne sais pas comment lui dire. »

Nuage d'Éclair comprit instantanément son dilemme. Plume de Faucon, le guerrier respecté et le frère d'Étoile du Pommier, était une figure centrale du Clan, mais aussi un chat au caractère parfois difficile à cerner. Et au vu des récentes tensions et des nouvelles alarmantes de la horde d’Éclair d’Orage, ce n’était pas un moment simple pour des révélations de cette importance.

« Je pense qu'il sera très heureux de l’apprendre, Cœur de Givre, » répondit Nuage d’Éclair, essayant de l'encourager avec un sourire rassurant. « Peut-être qu'il est préoccupé par toutes ces histoires de batailles, mais... des chatons, ça va lui apporter une lueur d'espoir, tu ne crois pas ? »

Cœur de Givre hocha la tête, un petit sourire naissant sur ses lèvres.

« Oui, peut-être as-tu raison, Nuage d'Éclair. Je crois qu'une part de moi sait que Plume de Faucon sera heureux... mais une autre part a peur que cela complique les choses pour lui, avec toutes les responsabilités qu’il porte déjà. »

Le jeune apprenti la regarda avec sérieux.

« Plume de Faucon est un guerrier fort, mais il est aussi loyal et fier de sa famille. À mon avis, il serait prêt à tout pour ses petits et pour toi, même dans cette période compliquée. »

Les mots de Nuage d'Éclair semblèrent la rassurer un peu plus. Elle lui donna un regard empreint de gratitude, touchée par ses paroles pleines de sagesse pour son jeune âge.

« Merci, Nuage d'Éclair. J’espère que tu as raison, » murmura-t-elle, avant de se détourner légèrement pour contempler le camp et la silhouette de Plume de Faucon au loin.

Alors qu’elle s’éloignait, Nuage d’Éclair sentit une vague de fierté. Peut-être qu’en dépit des doutes qui l'habitaient encore, il pouvait apporter du réconfort et des conseils, même aux guerriers les plus aguerris.

Chapitre VIII[]

Au lever du jour, une brume légère enveloppait le camp, conférant au paysage une atmosphère feutrée et mystérieuse. Nuage d'Éclair était prêt à débuter une nouvelle journée d'entraînement lorsque Griffe de Brume, son mentor, l’appela pour une patrouille. Il lui expliqua que Cœur de Flamme, Griffe de Roc, Aile de Brochet et Bruine Épineux allaient se joindre à eux.

« Une patrouille tous ensemble ? » demanda Nuage d'Éclair, intrigué. Il était rare de rassembler autant de jeunes guerriers et apprentis pour une seule patrouille.

Griffe de Brume hocha la tête, un sourire en coin.

« Avec tout ce qui se passe, on ne peut pas trop être prudents. Autant s’assurer que tout le monde sait ce qu’il fait et reste vigilant. »

Alors que le groupe s’éloignait du camp, Cœur de Flamme marchait aux côtés de Griffe de Roc, observant les alentours avec une attention accrue. Aile de Brochet et Bruine Épineux fermaient la marche, tout en discutant de la situation du Clan et des rumeurs qui avaient secoué les plus jeunes.

Nuage d’Éclair, au centre de la patrouille, jetait des regards discrets à ses compagnons. Tous les apprentis et jeunes guerriers semblaient ressentir le poids des récentes tensions, et l’atmosphère de cette patrouille, bien que soudée, était empreinte d’une vigilance inhabituelle.

Ils commencèrent par longer la frontière, s’assurant que les odeurs de marquage étaient fraîches. Chaque bruissement de feuilles ou mouvement d’ombre semblait les rendre un peu plus nerveux. Griffe de Brume décida de les séparer en petits groupes pour couvrir plus de terrain : lui-même prendrait Nuage d’Éclair, tandis que Cœur de Flamme se chargerait de superviser les autres jeunes guerriers.

Alors qu’ils s'enfonçaient dans la forêt, Nuage d’Éclair fit part de ses inquiétudes à Griffe de Brume.

« Est-ce qu'on doit s’attendre à une attaque de la part de la horde d’Éclair d'Orage ? » demanda-t-il à voix basse.

Griffe de Brume fronça les sourcils.

« C’est possible. C’est pour ça qu’il est essentiel de rester sur nos gardes. Mais nous avons l’avantage de connaître notre territoire. Ici, c’est chez nous, et on fera tout pour le protéger. »

Ils rejoignirent ensuite le reste de la patrouille près d’un ancien chêne, où chacun confirma que les frontières étaient intactes. Mais alors qu’ils s'apprêtaient à rentrer, un bruissement provenant des buissons les fit se figer. Tous se tournèrent vers la source du bruit, leurs muscles tendus.

Après un instant de silence tendu, un écureuil surgit des buissons et s'enfuit rapidement à travers les arbres, provoquant un soupir de soulagement collectif.

« On dirait qu’on est tous un peu nerveux, » plaisanta Griffe de Roc, tentant de détendre l'atmosphère.

Cœur de Flamme hocha la tête.

« C’est vrai, mais ça prouve qu’on est prêts. Que rien ne nous échappe. »

Sur le chemin du retour, le groupe se sentait plus soudé que jamais, chacun réalisant qu’en dépit des doutes et des tensions, leur solidarité était leur plus grande force.

Chapitre IX[]

Le soleil de midi baignait le camp d'une douce lumière dorée alors que la patrouille rentrait enfin de leur tour des frontières. Nuage d’Éclair, épuisé mais satisfait de cette matinée passée avec ses camarades, aperçut un gros oiseau fraîchement rapporté par une patrouille de chasse. Son ventre gargouilla, et il se dirigea vers la pile de gibier, ses pensées encore plongées dans les événements de la patrouille.

Il sentit la présence de son ami, Griffe de Roc, qui s’approchait. Le guerrier brun l’interpella d’un coup de museau amical.

« Prêt pour un bon repas ? On a bien mérité un festin, tu ne crois pas ? »

Nuage d’Éclair hocha la tête avec enthousiasme.

« Oui, tout ce trajet m’a ouvert l’appétit ! Partager cet oiseau avec toi serait parfait. »

Ils s’installèrent près de la tanière des apprentis, à l'ombre d'un rocher plat qui leur procurait un coin tranquille pour discuter. Tandis qu'ils arrachaient chacun des morceaux de l'oiseau, Griffe de Roc observa les félins autour d'eux, un air pensif sur le visage.

« Tu sais, avec tout ce qui se passe… la horde d’Éclair d'Orage, les tensions grandissantes… J’ai l’impression que chaque patrouille pourrait être notre dernière sans qu'on s'en rende compte. » Griffe de Roc baissa les yeux vers ses pattes, grattant pensivement le sol.

Nuage d’Éclair prit un moment pour réfléchir à ses paroles.

« Moi aussi, je ressens cette pression. Mais ce que je retiens surtout, c’est qu’on n’est pas seuls. On a un Clan sur lequel on peut compter… et des amis sur qui on peut se reposer. »

Griffe de Roc esquissa un sourire.

« Tu as raison. Je suis content qu’on puisse affronter tout ça ensemble. »

Les deux amis continuèrent de manger, renforcés par ce moment partagé. Au-delà des inquiétudes et des défis, ils savaient qu’ils pouvaient compter l’un sur l’autre, et c’était là leur plus grande force.

Chapitre X[]

Nuage d’Éclair savourait chaque bouchée de l'oiseau qu'il partageait avec son ami Griffe de Roc, lorsque l’agitation commença à se propager à l’entrée du camp. Il leva la tête, interloqué, ses oreilles dressées. Une silhouette familière mais méconnaissable venait d’apparaître au milieu des fougères, trébuchant et luttant sous le poids de quelque chose. C’était Chant du Rossignol, une guerrière douce et discrète, au pelage marron clair tacheté de roux et aux yeux ambrés pétillants. Aujourd'hui, cependant, son regard ne brillait pas de la même lumière sereine : il était empli d’une angoisse palpable.

À ses pattes, se tenaient quatre minuscules chatons, leurs fourrures encore humides et emmêlées, le pelage maigre et la peau fragile. Ils miaulaient faiblement, à peine capables de tenir debout. Leur état fit taire tout le camp, chacun regardant Chant du Rossignol avec une fascination muette. Nuage d’Éclair, le cœur battant, se rapprocha aux côtés des autres.

Plume de Faucon, le guerrier au pelage brun tacheté de noir, s’avança le premier, visiblement inquiet.

« Chant du Rossignol, que se passe-t-il ? » demanda-t-il d’une voix douce, se retenant visiblement de paraître trop pressant.

Chant du Rossignol inspira profondément, luttant pour maîtriser ses émotions. Elle observa les chatons à ses pieds, leurs petits corps tremblotants et leurs miaulements pitoyables, avant de relever ses yeux humides vers Plume de Faucon. Étoile du Pommier lui-même, intrigué par ce remue-ménage, se fraya un chemin parmi les guerriers pour s’arrêter devant elle, l’expression sérieuse et bienveillante.

« Ces chatons… » Elle baissa les yeux, cherchant ses mots. « Je les ai trouvés, là-bas… à la frontière. » Les regards des guerriers se croisèrent, remplis de stupeur et de confusion. « Ils étaient abandonnés. Juste… déposés là, sans aucune protection. Leurs mères n’étaient nulle part en vue. Je n’ai pas pu les laisser seuls… Alors, je les ai ramenés ici. »

Un murmure traversa les guerriers et apprentis, un mélange de choc, de curiosité et d’inquiétude. Certains semblaient touchés par la détresse des petits ; d’autres, en revanche, échangeaient des regards méfiants.

Étoile du Pommier s’avança, son regard apaisant tombant sur Chant du Rossignol et les petits à ses pattes.

« Tu as bien fait, Chant du Rossignol, » murmura-t-il doucement, avant d’ajouter d’une voix plus forte, destinée à tout le camp : « Nous ne laissons pas des chatons sans protection, qu’ils soient des nôtres ou non. Le Clan de l'Ombre est un foyer pour ceux qui en ont besoin. »

Nuage d’Éclair, le cœur serré d’émotion, fixa les petits. Leur fragilité et leur dénuement frappaient quelque chose en lui, éveillant un mélange de compassion et d’admiration pour la guerrière qui avait bravé l’inconnu pour les sauver. Griffe de Roc, debout près de lui, chuchota :

« Si seulement tout le Clan pouvait avoir la même bravoure et la même générosité… »

Les murmures, bien que réticents, se calmèrent un peu, et les guerriers présents aidèrent Chant du Rossignol à porter les chatons vers la pouponnière. Les autres la suivirent, curieux de voir comment cette scène se terminerait. Chant du Rossignol posa délicatement les petits sur un nid de mousse que les reines avaient vite fait préparer, s'occupant de les réchauffer en les léchant doucement pour calmer leurs tremblements.

À l’entrée de la pouponnière, Nuage d’Éclair sentit quelque chose grandir en lui, une sensation d’honneur et de loyauté pour son Clan et ses valeurs d’entraide. Et alors que les chatons commençaient à se calmer, leur fragile respiration se régulant dans la chaleur du nid, il se promit de veiller sur eux, comme tout bon membre du Clan de l'Ombre devait le faire pour les siens, et même pour les étrangers en détresse.

Chapitre XI[]

Nuage d’Éclair observait la scène depuis l’entrée de la pouponnière. Les chatons qu’avait ramenés Chant du Rossignol s’étaient enfin endormis, bercés par sa chaleur et son doux ronronnement. Mais quelque chose le troublait. Il avait toujours connu Chant du Rossignol comme une guerrière dévouée, jamais comme une reine. Comment se faisait-il alors qu’elle parvenait à allaiter ces petits étrangers ? Sa curiosité le poussa à s’approcher d’elle.

S’approchant silencieusement, il pénétra dans la pouponnière et se coucha prudemment à côté de Chant du Rossignol, ses yeux gris fixant les petits ronflant doucement contre elle. Chant du Rossignol tourna la tête vers lui, ses yeux ambrés brillant dans la pénombre.

« Ils dorment enfin, » murmura-t-elle, la voix douce, mais teintée d’une profonde mélancolie.

Nuage d’Éclair hésita un instant avant de poser la question qui le taraudait.

« Chant du Rossignol… Comment arrives-tu à les nourrir ? Je pensais… enfin, tu n’as jamais eu de petits avant, non ? »

Un silence se posa dans la pouponnière, seulement rompu par les légers bruits de respiration des chatons. Chant du Rossignol baissa les yeux, le visage sombre. Elle resta un moment silencieuse, comme si elle luttait pour trouver les mots, avant de répondre, d'une voix à peine audible.

« J’ai… j’ai eu des petits. Récemment même, » avoua-t-elle, le ton brisé par la tristesse. Elle prit une profonde inspiration avant de continuer, le regard dans le vide. « Mais je les ai perdus… tous. »

Les mots résonnèrent dans la pouponnière, lourds de douleur et de regret. Nuage d’Éclair sentit une vague de tristesse l’envahir en voyant la peine de la guerrière. Il s’assit plus près, essayant de lui montrer par sa présence qu’elle n’était pas seule. Chant du Rossignol semblait chercher la force de continuer, comme si elle puisait dans des souvenirs douloureux.

« Quelques jours avant de trouver ces chatons près de la frontière, j’ai donné naissance à ma première portée, » poursuivit-elle en baissant le regard sur ses pattes. « Ils étaient si petits, si fragiles… je n’avais jamais ressenti autant de bonheur, autant d’attachement que pour eux. Mais le destin en a décidé autrement. »

Elle marqua une pause, ses yeux se remplissant de larmes silencieuses, et reprit d’une voix à peine audible.

« Ils étaient faibles dès la naissance. Je les veillais jour et nuit, espérant qu’ils gagneraient en force, priant pour qu’ils survivent. Mais… » Sa voix se brisa, et elle ferma les yeux, luttant contre la vague de chagrin qui montait en elle.

Nuage d’Éclair posa délicatement sa patte sur la sienne, une compassion silencieuse se lisant dans son regard. Chant du Rossignol sembla puiser un peu de réconfort dans ce geste et poursuivit, les yeux toujours perdus dans le vague.

« Un matin, lorsque je me suis réveillée, ils avaient tous quitté ce monde. Je ne pouvais rien faire pour les ramener, rien pour les sauver. J’ai crié de douleur, et pourtant, j’ai dû me résoudre à les enterrer, seule, au plus profond de la forêt. »

Elle prit une respiration tremblante, puis regarda les petits chatons endormis contre elle.

« Alors, lorsque j’ai trouvé ces petits à la frontière, abandonnés… c’était comme si le destin me donnait une deuxième chance. Je ne pouvais pas les laisser. Mon cœur ne le supportait pas. Je me suis juré de les protéger, coûte que coûte. »

Nuage d’Éclair hocha lentement la tête, comprenant désormais la profondeur de la tristesse et de la tendresse qui transparaissaient dans les gestes de Chant du Rossignol. Pour elle, ces petits représentaient bien plus que de simples chatons abandonnés ; ils étaient le symbole de l’espoir et d’une seconde chance. Même si la douleur de sa perte restait vivace, elle semblait trouver une certaine consolation dans le fait de pouvoir nourrir et protéger ces nouveaux chatons.

« Je suis désolé pour ta perte, Chant du Rossignol, » murmura Nuage d’Éclair, respectant le poids de son chagrin. « Mais je suis sûr que ces chatons vont être entre de bonnes pattes avec toi. Ils ont de la chance de t’avoir. »

Chant du Rossignol lui adressa un sourire triste mais reconnaissant.

« Merci, Nuage d’Éclair. Tu es un jeune chat très attentionné… plus que tu ne le crois. » Elle posa sa queue autour des petits et les caressa tendrement. « Je sais que le Clan pourrait ne pas comprendre pourquoi je m’attache autant à eux, mais pour moi, ils sont un cadeau, une façon de donner un sens à cette douleur. »

Nuage d’Éclair comprenait mieux à présent, et il lui adressa un regard plein de respect. Malgré le deuil qui la consumait, Chant du Rossignol avait choisi de donner une chance à des chatons innocents. Pour elle, ils n’étaient pas une simple trouvaille, mais un moyen de combler un vide incommensurable, une manière de transmettre l’amour qu’elle n’avait pu donner à ses propres petits.

Alors qu’ils demeuraient en silence dans la pouponnière, Nuage d’Éclair ressentit une admiration renouvelée pour cette guerrière au cœur si généreux, prête à se dévouer corps et âme pour des êtres qui n’avaient même pas la même lignée. Il comprit à cet instant que la vraie loyauté et le courage ne se limitaient pas à la simple défense du Clan. Il s’agissait aussi de la capacité à offrir son amour et sa protection, même dans les situations les plus déchirantes.

Chapitre XII[]

Après avoir quitté la pouponnière, Nuage d’Éclair passa un moment dans la clairière du camp, réfléchissant à tout ce que Chant du Rossignol venait de lui confier. L’histoire de la guerrière et des petits qu’elle avait perdus résonnait encore en lui, emplissant son cœur de compassion et de respect. Il se sentit soudain curieux de connaître un peu plus les nouveaux chatons. Ces petits, innocents et vulnérables, avaient éveillé en lui une étrange tendresse, une sorte de devoir protecteur qu’il n’avait jamais ressenti.

Ne pouvant retenir son élan, Nuage d’Éclair retourna vers la pouponnière. En pénétrant à nouveau sous les buissons qui abritaient l’endroit, il trouva Chant du Rossignol allongée, le regard attentif, veillant sur les quatre chatons blottis contre son ventre. À son arrivée, elle leva les yeux, un sourire doux étirant ses lèvres.

Nuage d’Éclair s’installa à ses côtés et observa les petits en silence un moment. Puis, il osa enfin poser la question qui trottait dans son esprit.

« Chant du Rossignol, est-ce que tu leur as donné des noms ? » demanda-t-il d’une voix douce, ne voulant pas troubler le calme de l’instant.

Chant du Rossignol baissa les yeux vers les quatre petits, ses yeux ambrés brillant de tendresse. Elle hocha la tête, son regard empreint d’une fierté nouvelle.

« Oui, je leur ai donné des noms, » murmura-t-elle, une lueur chaleureuse illuminant son visage. « J’ai pensé que ces petits méritaient chacun un nom à la hauteur de leur histoire. »

Elle désigna doucement chaque chaton d’un coup de museau, en commençant par la plus proche d’elle, une petite femelle au pelage écaille de tortue.

« Celle-ci, je l’ai appelée Petit Pavot, » dit-elle d’une voix douce. « Elle est petite, mais elle a déjà cette énergie vive et colorée qui me rappelle un champ de pavots dans la lumière du soleil. »

Nuage d’Éclair regarda le minuscule corps de Petit Pavot, dont le pelage écaille se dessinait en une mosaïque vibrante de noir et de brun. Il hocha la tête, trouvant le nom approprié pour cette petite boule de fourrure.

Chant du Rossignol dirigea ensuite son museau vers un chaton mâle au pelage doré et sable, dont les doux ronronnements résonnaient dans la pouponnière.

« Lui, c’est Petit Crépuscule, » annonça-t-elle, son ton empli de douceur. « Il a cette couleur chaude et douce, comme le soleil couchant. Il me rappelle la tranquillité et la promesse d’une nuit paisible. »

Nuage d’Éclair observa Petit Crépuscule, fasciné par la manière dont chaque nom semblait capturer l’âme de chaque chaton. Chant du Rossignol tourna alors son attention vers un autre petit, dont le pelage doré sable était marqué de délicates rayures plus sombres.

« Ce petit-là, c’est Petit Grain. Il a quelque chose de robuste, un esprit qui me rappelle les graines que nous trouvons dans les champs et qui poussent malgré tout. »

Enfin, elle désigna du museau le dernier chaton, une petite boule de fourrure blanche et noire qui dormait profondément, ses pattes entremêlées avec celles de ses frères et sœurs.

« Et voici Petite Pomme. Il est doux et calme, et quand il s’endort, il ressemble à une petite pomme bien ronde. »

Nuage d’Éclair sourit en regardant chacun des chatons, trouvant que leurs noms leur allaient parfaitement. Ces nouveaux petits, avec leurs noms si soigneusement choisis, représentaient un renouveau pour Chant du Rossignol, un espoir inespéré après tant de chagrin.

« Ce sont de beaux noms, Chant du Rossignol, » murmura Nuage d’Éclair. « Ils sont chanceux de t’avoir, et je suis sûr qu’ils grandiront en devenant forts et courageux. »

Chant du Rossignol leva les yeux vers lui, un sourire empreint de gratitude illuminant son visage.

« Merci, Nuage d’Éclair. Je sais que leur présence m’aide à avancer, malgré tout. Ils sont devenus ma raison d’être. »

Nuage d’Éclair resta encore un moment près de la guerrière, ses yeux fixés sur les petits qui dormaient paisiblement. Ce moment, empreint de tendresse et de silence, marqua un tournant pour lui. Dans ce monde souvent marqué par les luttes et les conflits, l’amour d’une mère adoptive pour quatre chatons trouvés à la frontière était une preuve que même au milieu des épreuves, la douceur et l’espoir pouvaient toujours renaître.

Alors qu’il s’apprêtait à quitter la pouponnière pour retourner aux tâches d’apprenti, il sentit un poids bien plus léger sur ses épaules. Chant du Rossignol et ces quatre chatons, Petit Pavot, Petit Crépuscule, Petit Grain et Petite Pomme, avaient allumé en lui une flamme de compassion et d’attachement qu’il emporterait avec lui, un rappel que, même dans la plus grande des noirceurs, il y avait toujours de la lumière.

Chapitre XIII[]

Alors que Nuage d'Éclair se tenait encore auprès de Chant du Rossignol, admirant la tranquillité des petits endormis, il aperçut une ombre qui se glissait dans l’entrée de la pouponnière. C’était Ombre de Fougère, le guerrier brun foncé au ventre beige et aux yeux verts profonds. Il avança doucement, ses pattes silencieuses sur la mousse fraîche de la pouponnière. Son regard passa des petits chatons blottis contre Chant du Rossignol à la guerrière elle-même, et une douceur rare adoucit les traits habituellement sérieux d’Ombre de Fougère.

Nuage d'Éclair observa en silence, surpris, alors qu’Ombre de Fougère se penchait pour toucher le museau de Chant du Rossignol. Elle ferma les yeux un instant, pressant son visage contre celui du guerrier, tandis qu’il enveloppait doucement sa queue autour d’elle et des chatons, veillant sur eux avec une tendresse évidente.

Chant du Rossignol leva alors les yeux vers Nuage d'Éclair, un sourire serein illuminant son visage.

« Ombre de Fougère et moi avons décidé d’élever ces petits ensemble, » murmura-t-elle doucement, son regard se posant sur le guerrier à ses côtés.

Les yeux de Nuage d'Éclair s’agrandirent sous le coup de la surprise, avant de se poser sur le guerrier.

« Tu... tu es leur père adoptif ? » demanda-t-il, encore un peu incrédule.

Ombre de Fougère hocha la tête en silence, ses yeux verts fixant les petits avec une attention protectrice.

« Je ne les ai pas vus naître, mais cela ne change rien, » murmura-t-il d'une voix calme mais empreinte de détermination. « À partir de maintenant, je veillerai sur eux comme s’ils étaient mes propres petits. »

Chant du Rossignol posa doucement sa tête sur son épaule.

« J’ai perdu mes petits autrefois, et Ombre de Fougère m’a beaucoup soutenue depuis. Nous savons que cette portée n’est pas de nous deux, mais... parfois, les liens du cœur sont aussi forts que ceux du sang. »

Nuage d'Éclair les observa tous deux, profondément touché par la sincérité et la chaleur qui émanaient du couple. Il se sentit envahi par un mélange de respect et d’admiration pour la décision de ces deux félins, prêts à offrir aux quatre chatons orphelins la famille qu’ils méritaient.

Alors que le silence retombait, Ombre de Fougère s’installa près de Chant du Rossignol, allongeant sa grande silhouette sombre autour d’elle et des petits, leur offrant ainsi une protection rassurante. Il était clair pour Nuage d’Éclair que ces deux-là allaient tout faire pour entourer les petits de soin et d’amour, faisant de la pouponnière un lieu de paix pour les chatons et pour eux-mêmes.

Avant de quitter la pouponnière, Nuage d'Éclair jeta un dernier regard à Chant du Rossignol et Ombre de Fougère, sentant au fond de lui que ces petits allaient être aimés et protégés dans leur nouvelle famille.

Chapitre XIV[]

Cette nuit-là, alors que Nuage d'Éclair s'enroulait dans la chaleur réconfortante de ses frères et sœurs, Nuage de Fougère et Nuage de Canarie, le sommeil le saisit rapidement, le plongeant dans un rêve étrange et énigmatique.

Il se retrouva au milieu d’une forêt baignée par une lumière argentée, aussi brillante et claire que la lueur de la lune. Les arbres autour de lui s’élevaient, immenses et imposants, leurs feuillages bruissant doucement comme s’ils murmuraient des secrets qu’il était trop jeune pour comprendre. Mais ce qui le frappa le plus, c’était le silence profond qui régnait dans cette forêt. Aucun bruit de pas, aucun oiseau chantant, seulement ce bruissement mystérieux, presque inquiétant.

Soudain, une silhouette apparut devant lui, se découpant contre le voile argenté de la forêt. Nuage d'Éclair s’immobilisa, ses yeux s’écarquillant tandis qu’il reconnaissait la silhouette : c’était sa mère, Duvet de Taon. Elle le regardait avec douceur, ses yeux brillant d'une tristesse infinie.

<<Nuage d'Éclair…>> murmura-t-elle d'une voix douce mais résonante, comme si chaque mot qu’elle prononçait imprégnait l’air lui-même.

<<Je… je pensais ne plus jamais te revoir,>> balbutia Nuage d'Éclair, son cœur battant à tout rompre.

Elle lui adressa un sourire triste et s’approcha, le fixant d’un regard aimant et pénétrant.

<<Je suis toujours avec toi, mon fils. Même dans les moments les plus sombres, je veille sur toi.>>

Alors qu’elle parlait, l'air autour d'eux devint plus lourd, et Nuage d'Éclair sentit une ombre furtive passer entre les arbres. Ce n’était plus seulement sa mère qui se tenait là, mais d’autres chats apparurent dans les ombres autour d'eux, comme des spectres sans forme précise. Leurs yeux étaient perçants, scrutateurs, et Nuage d'Éclair sentit leur regard peser sur lui comme un poids invisible.

<<Prends garde aux ténèbres qui rôdent autour de ton Clan,>> murmura Duvet de Taon d'une voix inquiète. <<Tous ceux qui se tiennent près de toi ne sont pas animés par des intentions pures.>>

<<Mais… je ne comprends pas,>> répondit-il, désespéré. <<Qui dois-je craindre ? Qui dois-je suivre ?>>

Sa mère lui répondit avec une énigme :

<<Cherche les vérités cachées et souviens-toi, Nuage d'Éclair, que la loyauté est parfois une question de cœur plutôt que de Clan.>> Sa voix s'estompa dans un murmure aussi lointain que le vent.

La forêt commença à se dissiper autour de lui, les silhouettes s’effaçant une à une jusqu’à ce qu’il soit de nouveau seul, plongé dans le noir. Un dernier murmure résonna dans l’obscurité :

<<Cherche la lumière en toi, même lorsque les ombres t'encerclent.>>

Nuage d'Éclair se réveilla en sursaut, les battements de son cœur retentissant dans ses oreilles. Il était de retour dans la tanière des apprentis, Nuage de Fougère et Nuage de Canarie dormant paisiblement à ses côtés. Pourtant, le rêve semblait encore si réel, ses paroles résonnant encore dans son esprit.

Éclairé par la lueur pâle de l'aube, il fixa un instant l'entrée de la tanière, songeant à ce que ce rêve pourrait signifier.

Chapitre XV[]

Le lendemain, Nuage d'Éclair rejoignit Griffe de Brume pour son entraînement de combat. Le ciel était couvert de lourds nuages gris, et une brise froide sifflait à travers les arbres, donnant au territoire un aspect austère. Griffe de Brume l’observait avec un regard dur, évaluant chacun de ses mouvements avec soin.

<<Allez, Nuage d'Éclair ! Concentre-toi sur ta position. Tu dois être plus rapide et plus précis,>> grogna Griffe de Brume en le corrigeant d'un coup de patte pour lui indiquer de fléchir davantage les pattes arrière.

Nuage d'Éclair, habitué à la rigueur de son mentor, tenta de faire abstraction de ses pensées pour se concentrer. Il se plaça en position de combat, les muscles tendus, prêt à contrer le prochain mouvement de Griffe de Brume. Mais au moment où son mentor bondit vers lui, les paroles de sa mère résonnèrent dans son esprit :

"Tous ceux qui se tiennent près de toi ne sont pas animés par des intentions pures."

Le cœur de Nuage d'Éclair se serra, et sa concentration vacilla. Il se remémorait la douceur de la voix de sa mère, ce murmure dans la forêt qui semblait le prévenir d’un danger invisible. Était-ce une mise en garde contre un membre du Clan ? Ou peut-être contre le chemin qu’il empruntait lui-même ? Il ne savait pas, mais il sentait que chaque combat l'éloignait un peu plus du chaton innocent qu’il avait été.

Soudain, il réalisa trop tard que Griffe de Brume se précipitait sur lui avec un élan féroce. Surpris, il fit un bond en arrière pour éviter l'attaque, mais perdit l'équilibre. Griffe de Brume le plaqua au sol d’un mouvement rapide et précis.

<<Nuage d'Éclair, tu ne pourras jamais progresser si tu es si distrait ! Pourquoi hésites-tu ?>> cracha Griffe de Brume, ses yeux plissés par la frustration.

Nuage d'Éclair resta muet un instant, tentant de trouver une réponse. Finalement, il murmura, presque pour lui-même :

<<Je… je repensais à ce que signifie être loyal. À ce que nous défendons vraiment.>>

Griffe de Brume recula légèrement, visiblement pris de court par cette réponse. Son regard se radoucit un instant, mais il retrouva bien vite son sérieux.

<<La loyauté n'est pas une question de questionnement, Nuage d'Éclair. Elle se prouve par l’action et le respect de notre code. Ces réflexions te rendent vulnérable. Laisse-les de côté si tu veux vraiment servir le Clan.>>

Nuage d'Éclair hocha la tête sans vraiment être convaincu, la voix de sa mère continuant de résonner dans son esprit. Mais une part de lui refusait d’ignorer ce qu'il ressentait. Peut-être que la loyauté ne signifiait pas obéir aveuglément, mais plutôt comprendre pourquoi il se battait, et pour qui.

Alors que Griffe de Brume le rappelait à l’entraînement, Nuage d'Éclair prit une grande inspiration, tentant de faire taire les doutes qui bouillonnaient en lui. Pourtant, il savait qu’il ne pourrait pas les ignorer éternellement.

Chapitre XVI[]

La lune commençait à poindre, déversant une lueur froide sur la forêt. Les arbres projetaient des ombres longues et effilées sur le sol tandis que Nuage d’Éclair et Griffe de Brume avançaient en silence, fouillant les environs du regard. Les deux félins avaient entrepris cette patrouille nocturne après avoir repéré des signes d’intrusion le matin même. Les anciens du clan murmuraient que les frontières n’étaient plus respectées, et les guerriers sentaient l’angoisse planer comme une menace.

Soudain, Griffe de Brume s’arrêta net. Le guerrier gris renifla l’air avec méfiance avant de se tourner vers Nuage d’Éclair, les yeux plissés.

« Sens-tu ça ? » murmura-t-il, sa voix aussi coupante que la brise fraîche de la nuit.

Nuage d’Éclair dressa les oreilles et s’avança prudemment. Un parfum familier flottait dans l’air, et il sentit son cœur se serrer en le reconnaissant. C’était un mélange unique de mousse humide et de feuilles, une odeur qu’il n’aurait jamais pu oublier. C’était celle de Plume de Corbeau, son ancien mentor.

Griffe de Brume sembla lire dans ses pensées.

« Ces traces sont récentes, » fit-il d’un ton sévère. « Il a dû passer par ici il y a peu de temps. Qu’est-ce que Plume de Corbeau viendrait faire si loin de son territoire ? »

Nuage d’Éclair détourna les yeux, une bouffée de honte et de colère le submergeant. Depuis que celui-ci avait quitté le clan pour rejoindre le Clan de l’Épine, Nuage d’Éclair n’avait jamais pu comprendre les raisons d’une telle décision. Plume de Corbeau avait été un mentor respecté, presque une figure paternelle. Comment avait-il pu abandonner tout ce qu’ils avaient partagé ? Mais tous cela était surtout à cause d'Eclair d'Orage.

« Peut-être qu’il... qu’il cherche des réponses, » risqua Nuage d’Éclair, sa voix étrangement rauque. Il n’était même pas certain de comprendre ce qu’il voulait dire. Était-ce lui qui cherchait des réponses ?

« Peu importe ses intentions, il n’a rien à faire ici, » rétorqua Griffe de Brume d’un ton tranchant. « Nous devons suivre ces traces et voir jusqu’où elles nous mènent. »

Ils avancèrent prudemment, suivant les empreintes qui serpentaient à travers le sous-bois. Chaque pas les rapprochait de l’intrus, et le silence entre Nuage d’Éclair et Griffe de Brume devenait de plus en plus lourd. Pour Nuage d’Éclair, chaque empreinte marquait une blessure qui refusait de se refermer. Les questions tournaient en boucle dans sa tête. Que faisait Plume de Corbeau ici ? Était-il venu seul, ou était-ce une reconnaissance pour le Clan de l’Épine ? Avait-il un message pour lui ?

Au bout d’un moment, les traces les conduisirent jusqu’à une clairière dissimulée par des fougères épaisses. Là, au milieu de la clairière, la terre semblait avoir été récemment grattée, comme si quelqu’un avait tenté d’y enterrer quelque chose. Griffe de Brume renifla le sol, son poil se hérissant légèrement.

« C’est ici qu’il s’est arrêté, » murmura-t-il. « Mais pourquoi ? »

Nuage d’Éclair approcha à son tour et scruta l’endroit. Une angoisse étrange lui serra la poitrine. Il aurait voulu voir Plume de Corbeau, exiger des explications. Mais la présence de cet endroit semblait peser lourdement sur lui, comme si la forêt elle-même dissimulait un secret.

« Peut-être qu’il a laissé quelque chose… ou qu’il a cherché quelque chose qu’il avait enterré ici, » souffla Nuage d’Éclair, le cœur battant.

Griffe de Brume resta silencieux un moment, l’air pensif, avant de secouer la tête.

« Nous rapporterons cela au chef. Inutile de creuser pour l’instant. Quoi qu’il ait fait ici, Plume de Corbeau doit savoir qu’il a été repéré. »

Ils quittèrent la clairière, mais Nuage d’Éclair jeta un dernier regard en arrière. Dans la pénombre, il se fit la promesse de découvrir ce que cachait son ancien mentor.

Chapitre XVII[]

Après avoir quitté la clairière, Griffe de Brume et Nuage d’Éclair rentrèrent au camp dans un silence tendu. Le mentor de Nuage d’Éclair avait un air sombre et déterminé tandis qu’il se dirigeait directement vers la tanière d’Étoile du Pommier. Nuage d’Éclair, quant à lui, ressentait un mélange de confusion, de tristesse, et de colère. Pourquoi Plume de Corbeau s’aventurait-il encore sur leur territoire ? Que cherchait-il, ou… de quoi se cachait-il ?

Griffe de Brume ordonna à Nuage d’Éclair de rester à l’entrée, mais celui-ci, poussé par une curiosité dévorante, s’approcha discrètement de l’entrée de la tanière pour écouter.

À l’intérieur, Griffe de Brume exposa ce qu’ils avaient découvert.

« Étoile du Pommier, » commença Griffe de Brume d’une voix basse et grave, « Nous avons trouvé des traces récentes de Plume de Corbeau sur notre territoire. »

Le chef releva la tête, son regard se durcissant d’un mélange de surprise et d’inquiétude.

« Plume de Corbeau ? Mais il a été banni. Pourquoi reviendrait-il ici, sachant qu’il n’est plus le bienvenu ? »

Griffe de Brume hésita un instant, puis se lança, d’un ton presque accusateur.

« Peut-être parce qu’il n’a jamais mérité cette sentence. La trahison n’était pas la sienne, mais celle d’Éclair d’Orage. Vous savez comme moi que la vérité a éclaté il y a une lune, et qu’Éclair d’Orage a été banni pour sa véritable trahison. »

Un silence lourd tomba dans la tanière. Nuage d’Éclair, caché dans l’ombre, sentit son souffle se bloquer dans sa gorge. Les paroles de Griffe de Brume faisaient remonter en lui des souvenirs confus et douloureux.

Étoile du Pommier détourna les yeux, ses épaules s’affaissant sous le poids de la culpabilité.

« J’ai agi trop vite, » murmura-t-il, plus pour lui-même que pour Griffe de Brume. « Je me suis laissé aveugler par les accusations d’Éclair d’Orage, et j’ai banni Plume de Corbeau sans chercher à comprendre. »

La honte transparaissait dans la voix du chef. Nuage d’Éclair le regarda, bouleversé. Jamais il n’avait vu son chef douter de lui-même de cette manière.

« Il est peut-être trop tard pour corriger cette erreur, » continua Griffe de Brume d’un ton sec. « Plume de Corbeau a trouvé un autre clan, un autre foyer. Il est maintenant le chef du Clan de l’Épine. Mais sa présence sur notre territoire… peut-être est-ce un appel. »

Étoile du Pommier ferma les yeux, profondément tourmenté.

« Que puis-je faire ? Comment puis-je lui demander pardon après tout ce que je lui ai infligé ? »

Un long silence suivit. Finalement, Griffe de Brume reprit la parole, sa voix empreinte de sagesse.

« La seule manière de réparer cette erreur est de le reconnaître publiquement. Peut-être que Plume de Corbeau ne cherchait pas à nous nuire en revenant ici. Peut-être voulait-il seulement se souvenir de l’endroit où il avait autrefois des amis… une famille. »

Nuage d’Éclair sentit ses griffes s’enfoncer dans la terre sous l’effet des émotions qui le traversaient. Son ancien mentor n’avait jamais trahi le clan. Plume de Corbeau était revenu, non pour se venger, mais peut-être pour faire la paix avec son passé.

Étoile du Pommier hocha lentement la tête, sa décision se renforçant malgré la honte.

« Dans ce cas, j’attendrai la prochaine Assemblée pour dévoiler la vérité devant tous les clans. Je dirai ce que nous avons découvert, et je reconnaîtrai que j’ai commis une erreur en bannissant Plume de Corbeau à tort. »

Griffe de Brume acquiesça, un éclair de satisfaction traversant son regard.

« C’est une première étape. Mais sachez que cette révélation ne sera pas facile pour tous… surtout pour Nuage d’Éclair. Il a grandi en croyant en la trahison de son mentor. »

Sans un mot de plus, Étoile du Pommier parut se renfermer, son esprit déjà plongé dans la préparation de cet aveu public. Nuage d’Éclair recula doucement, la tête bourdonnante de questions et de ressentiments mêlés.

Il était à la fois soulagé et terriblement confus. La vérité résonnait en lui comme un coup de tonnerre.

Alors qu’il se retirait en silence, il se fit une promesse : il trouverait Plume de Corbeau pour entendre son histoire directement de lui. Avant même que la vérité ne soit révélée à tous, Nuage d’Éclair voulait comprendre son mentor, celui qu’il avait tant haï mais qui, aujourd’hui, éveillait en lui un respect et un désir de rédemption.

Chapitre XVIII[]

L’obscurité recouvrait la forêt, et seuls quelques rayons de lune perçaient entre les branches des arbres, éclairant discrètement le territoire du Clan. Nuage d’Éclair, les sens en alerte et le cœur lourd, se faufilait furtivement hors du camp. Il avait besoin d’air, besoin de s’évader, loin des regards pesants et des murmures à propos de la trahison de Plume de Corbeau.

Car Nuage d’Éclair savait depuis toujours que son ancien mentor n’était pas le traître. Il avait été avec lui le jour où ils avaient découvert le corps sans vie de sa mère, et Plume de Corbeau l’avait protégé et réconforté à cet instant crucial. Lui qui avait veillé sur lui dans sa peine ne pouvait pas être coupable d’une telle trahison. Mais le Clan, aveuglé par les accusations mensongères d’Éclair d’Orage, l’avait banni sans écouter les vérités que Nuage d’Éclair voulait leur révéler.

S’éloignant encore, Nuage d’Éclair laissa ses pensées s’apaiser et se concentra sur les bruits de la forêt. Une odeur de lapin flotta soudain dans l’air, et ses instincts de chasseur prirent le dessus. Ramassé sur lui-même, il avança silencieusement entre les touffes d’herbe, repérant bientôt le petit animal qui broutait, inconscient de sa présence. En quelques bonds, il se rapprocha et s’élança, le saisissant entre ses griffes.

Essoufflé mais satisfait, Nuage d’Éclair se redressa avec sa prise, le lapin pendouillant dans sa gueule. Cependant, avant qu’il ait eu le temps de savourer sa victoire, un bruissement soudain lui fit dresser les oreilles.

« Nuage d’Éclair ? »

Il se retourna brusquement pour faire face à Plume de Chêne et sa patrouille. Le guerrier brun le fixait d’un regard sévère, accompagné de deux autres guerriers qui le dévisageaient d’un air réprobateur.

« Que fais-tu ici, seul, en pleine nuit ? » demanda Plume de Chêne, la voix dure.

Nuage d’Éclair tenta de garder son calme, mais il sentait son cœur battre à tout rompre. Il savait qu’il n’aurait pas dû sortir sans permission, et encore moins chasser hors de l’horaire des patrouilles.

« Je… j’avais besoin de chasser pour apaiser mon esprit, » répondit-il en baissant les yeux, sans oser révéler la vraie raison de sa sortie.

Plume de Chêne plissa les yeux, l’air soupçonneux.

« Ce que tu fais est irresponsable. Tu aurais pu attirer des prédateurs ou des membres d’autres clans. Tu sais très bien que ce n’est pas le moment de prendre des risques, surtout avec les tensions actuelles. »

Nuage d’Éclair ravala une réplique, serrant les mâchoires. Il savait que Plume de Chêne avait raison, mais il n’avait pas pu supporter l’atmosphère étouffante du camp et le souvenir douloureux de Plume de Corbeau.

« Nous allons te ramener au camp, » déclara Plume de Chêne en tournant les talons. « Et tu devras expliquer cette sortie à Étoile du Pommier. »

Nuage d’Éclair n’eut d’autre choix que de le suivre, le lapin toujours dans la gueule, un poids de plus sur ses épaules. Les murmures des guerriers de la patrouille résonnaient à ses oreilles, des mots à peine chuchotés mais pleins de jugement : « imprudent », « arrogant », « rebelle ». Les remarques le piquaient comme des épines, mais il garda la tête haute, ravalant sa frustration. Après tout, il savait que la véritable injustice, la vraie trahison, avait été celle du Clan envers Plume de Corbeau.

De retour au camp, ils furent accueillis par des regards surpris et réprobateurs de leurs camarades. Plume de Chêne ne perdit pas de temps pour aller rapporter l’incident à Étoile du Pommier. En attendant, Nuage d’Éclair resta assis près de l’entrée, sentant les regards perçants et les chuchotements. Finalement, Plume de Chêne revint, l’air grave.

« Étoile du Pommier souhaite te voir dans sa tanière, maintenant, » dit-il.

Nuage d’Éclair inspira profondément et se leva, luttant pour garder son calme. Il entra dans la tanière du chef, où Étoile du Pommier l’attendait, son regard pénétrant rivé sur lui. Le silence était lourd.

« Nuage d’Éclair, » commença Étoile du Pommier d’une voix basse, mais ferme. « Sais-tu ce que signifie sortir seul du camp la nuit, sans permission ? »

Nuage d’Éclair soutint son regard, bien que son cœur battait à tout rompre. « Je le sais, et je suis désolé, » dit-il, la voix tremblante. « Mais j’avais besoin de réfléchir. Je… je ne peux pas rester là sans rien faire, en sachant ce que nous avons fait subir à Plume de Corbeau. »

Le chef resta silencieux un moment, l’expression indéchiffrable. Puis, avec un soupir, il baissa la tête.

« Ce qui est arrivé à Plume de Corbeau est une tragédie, et j’ai ma part de responsabilité dans cette erreur, » avoua Étoile du Pommier, ses yeux s’adoucissant légèrement. « Mais tu dois comprendre, Nuage d’Éclair, que l’agitation que tu ressens ne te donne pas le droit d’enfreindre les règles du clan. Si tu veux honorer Plume de Corbeau, commence par faire honneur à ton propre clan. »

Nuage d’Éclair sentit un poids se soulever légèrement de sa poitrine.

« Je le comprends… et je ferai tout pour regagner la confiance du clan, » promit-il d’une voix plus assurée.

Étoile du Pommier hocha la tête, satisfait.

« Bien. Prends du repos. Nous aurons besoin de tous les guerriers en pleine forme pour l’Assemblée, où la vérité devra enfin être révélée. »

Nuage d’Éclair se retira, le cœur un peu plus léger. Bientôt, il aurait la chance de voir le nom de Plume de Corbeau lavé de tout soupçon. Et cette fois-ci, il veillerait à ce que justice soit rendue à son ancien mentor.

Chapitre XIX[]

Nuage d’Éclair émergea de sa tanière, clignant des yeux sous les premiers rayons du soleil qui réchauffaient le camp. Sa sortie nocturne de la veille et l’audience tendue avec Étoile du Pommier flottaient encore dans son esprit. Mais aujourd’hui, il se sentait plus léger, déterminé à montrer qu’il méritait la confiance de son clan, même s’il lui faudrait du temps pour regagner leur estime.

Alors qu’il s’étirait, ses muscles encore endoloris par la tension de la nuit passée, une voix moqueuse se fit entendre juste derrière lui.

« Eh bien, Nuage d’Éclair, tu as dormi dans une tanière de blaireaux ou quoi ? Ton odeur ferait fuir un renard ! » lança une voix espiègle.

Il se retourna pour voir Cœur de Flamme, la fille d’Étoile du Pommier, qui le regardait avec un sourire narquois, ses yeux pétillants de malice. La guerrière rousse s’approcha en feignant de renifler l’air, secouant la tête d’un air exagérément dégoûté.

« Franchement, tu pourrais au moins faire un effort pour ne pas empester tout le camp, » continua-t-elle, le regard brillant d’amusement. « Peut-être que tu as voulu tester une nouvelle méthode de camouflage pour éloigner les proies ? »

Nuage d’Éclair roula des yeux, tentant de cacher un sourire. Malgré son air boudeur, il ne pouvait s’empêcher d’apprécier la vivacité de Cœur de Flamme, même si elle avait parfois un talent particulier pour le rendre fou.

« Ce n’est pas comme si j’avais fait exprès, » répondit-il en se léchant distraitement l’épaule pour vérifier son odeur. « Et je te rappelle que certains d’entre nous ont des choses importantes à faire. On ne passe pas tous notre temps à flâner. »

Cœur de Flamme éclata de rire, secouant sa queue d’un air taquin.

« Oh, des choses importantes, tu dis ? C’est vrai, comme courir en cachette la nuit pour revenir avec un parfum de fourrure trempée et de terre, c’est essentiel pour le clan, n’est-ce pas ? »

Nuage d’Éclair sentit ses oreilles chauffer sous la moquerie. Évidemment, elle savait tout de sa sortie nocturne. Les guerriers du camp n’avaient sans doute pas perdu de temps à lui raconter comment il s’était fait attraper en douce par Plume de Chêne et sa patrouille.

Il tenta de garder sa dignité en levant la tête, répliquant d’un ton faussement assuré.

« Peut-être que certains n’ont pas peur de sortir et d’affronter la forêt la nuit, contrairement à d’autres qui préfèrent rester bien au chaud. »

Cœur de Flamme le poussa légèrement de la patte, un sourire moqueur aux lèvres.

« Ce que tu appelles affronter la forêt ressemble plutôt à une tentative ratée de faire une sieste dans la boue. Enfin, ne t’inquiète pas, peut-être qu’un jour tu apprendras comment chasser et revenir sans attirer l’attention de tout le camp. »

Ils se dévisagèrent un instant, l’un essayant de garder son sérieux et l’autre éclatant de rire. Leurs échanges, bien qu’amusants, cachaient une complicité qu’ils ne reconnaîtraient jamais tout haut. Malgré ses piques, Cœur de Flamme n’était pas là par hasard : elle savait que Nuage d’Éclair était tourmenté, et ses plaisanteries étaient une manière de le distraire.

Après quelques instants, elle reprit un ton plus léger.

« Allez, au lieu de rester planté là comme un buisson desséché, viens plutôt chasser avec moi. Ça te permettra de retrouver une odeur de guerrier digne de ce nom. »

Nuage d’Éclair hésita, puis acquiesça, soulagé de la voir le traiter normalement malgré tout ce qui s’était passé.

« Très bien, mais tu ferais mieux de garder tes sarcasmes pour toi, » lança-t-il en la suivant. « Je pourrais t’étonner, qui sait ? »

Ils s’éloignèrent ensemble du camp, l’ambiance légère malgré les tensions récentes. Tandis qu’ils trottaient côte à côte dans la forêt, Nuage d’Éclair se surprit à se détendre, sentant peu à peu le poids des derniers jours se dissiper, ne serait-ce que pour quelques heures.

Il jeta un coup d’œil à Cœur de Flamme, qui avançait d’un pas vif et déterminé. En silence, il lui était reconnaissant. Même si elle ne le disait pas, sa présence lui montrait qu’il n’était pas seul et que, malgré ses erreurs, certains membres du clan restaient à ses côtés.

Chapitre XX[]

Le soleil n’était pas encore haut dans le ciel lorsque le cri d’Étoile du Pommier retentit dans le camp, appelant tous les membres du clan à se rassembler. Nuage d’Éclair, encore secoué par les événements récents, se fraya un chemin parmi les guerriers et apprentis qui se dirigeaient vers le centre du camp, tous l’air grave, comme s’ils sentaient déjà le poids de l’annonce qui allait être faite.

Étoile du Pommier se tenait droit, la tête haute, ses yeux plissés d’une expression de détermination rarement vue. À ses côtés, Echo Lumineux et Croc de Louve, la guérisseuse, regardaient les membres du clan se rassembler en silence. Nuage d’Éclair s’assit près de Griffe de Brume, son mentor, et observa le chef, sentant une tension grandissante dans l’air.

« Membres du Clan de l’Ombre, » commença Étoile du Pommier d’une voix forte et autoritaire, « j’ai reçu des nouvelles graves de nos frontières. Le Clan de l’Épine a déclaré la guerre contre notre clan. »

Un murmure de stupeur parcourut l’assemblée. Nuage d’Éclair sentit ses griffes s’enfoncer dans le sol malgré lui, son cœur battant d’un mélange de peur et d’excitation. La guerre… Il savait que les conflits entre clans n’étaient pas rares, mais une déclaration de guerre ouverte était quelque chose qu’il n’avait encore jamais vécu.

Étoile du Pommier attendit que le silence revienne avant de continuer.

« Leur chef, Etoile du Corbeau, accuse notre clan d’avoir outrepassé nos frontières et d’avoir menacé leur sécurité. Il semblerait que la situation dégénère, et nous devons nous préparer à défendre notre territoire, nos familles et nos valeurs. »

À la mention d'Etoile du Corbeau, Nuage d’Éclair sentit un pincement au cœur. Son ancien mentor, qu’il savait innocent, s’opposait désormais à son propre clan. Un mélange de loyauté et de confusion le submergea ; il ne pouvait s’empêcher de penser à Plume de Corbeau, se demandant ce qui avait mené ce guerrier autrefois honorable à cette extrémité.

Étoile du Pommier poursuivit, son regard sévère parcourant l’assemblée.

« Nous devons être prêts. Tous ceux en âge de se battre prendront part à cette bataille. Griffe de Roc, Echo Lumineux et moi-même organiserons les patrouilles et les stratégies de défense. »

Les murmures d’approbation et de détermination fusèrent de la foule. Echo Lumineux se leva à son tour, son regard de braise fixant les apprentis.

« Nous allons former deux groupes : l’un se concentrera sur la défense des frontières, et l’autre s’entraînera aux techniques de combat en terrain découvert. Nuage d’Éclair, tu seras dans le premier groupe. »

Un frisson de détermination parcourut Nuage d’Éclair en entendant son nom. Ce serait sa première bataille en tant qu’apprenti, et il savait que le clan comptait sur lui, tout comme il comptait sur chaque guerrier pour assurer leur victoire et leur survie.

Après l’annonce, Griffe de Brume se pencha vers lui et murmura à voix basse.

« Je t’entraînerai aujourd’hui. Nous n’avons plus de temps à perdre ; tu dois être prêt à tout. »

Nuage d’Éclair hocha la tête avec sérieux. Il se sentait à la fois nerveux et honoré de faire partie des guerriers qui défendraient leur clan. La perspective d’affronter Etoile du Corbeau et le Clan de l’Épine le troublait encore, mais il refoula ses doutes, laissant la détermination et l’honneur guider son cœur.

Alors qu’il se levait pour suivre son mentor, il aperçut Cœur de Flamme qui le regardait d’un air sérieux, son habituel sourire moqueur remplacé par une expression de solidarité et de respect. Elle s’approcha, posant doucement la patte sur son épaule.

« Sois prudent, Nuage d’Éclair, » dit-elle doucement. « La bataille sera rude, et nous aurons tous besoin de chaque félin pour revenir en un seul morceau. »

Nuage d’Éclair soutint son regard, sentant une chaleur réconfortante à ses mots.

« Je le serai, » murmura-t-il. « Je suis prêt à défendre notre clan. »

La matinée se passa en entraînements intensifs. Griffe de Brume lui montra des techniques d’esquive et d’attaque rapide, lui apprenant à utiliser sa taille et son agilité pour déstabiliser des adversaires plus grands. Les autres apprentis étaient également en préparation, chacun absorbant chaque conseil avec une concentration nouvelle.

En fin de journée, Étoile du Pommier réunit une nouvelle fois le clan pour les dernières consignes avant la bataille. Le chef fixait chacun de ses guerriers avec une lueur de fierté dans les yeux.

« Souvenez-vous que nous combattons pour notre clan, pour notre honneur et pour ceux qui nous sont chers. Nous n’abandonnerons jamais ce qui nous appartient ! »

Les guerriers et apprentis acclamèrent, unis par la même flamme de courage et de détermination. Nuage d’Éclair, entouré de ses camarades, se sentait prêt. La peur avait fait place à une force qu’il ne soupçonnait pas posséder.

En silence, il jura de défendre son clan jusqu’au bout – et, s’il le fallait, de retrouver Plume de Corbeau pour comprendre enfin ce qui avait mené son ancien mentor à de telles extrémités.

Chapitre XXI[]

Le soleil était haut dans le ciel, jetant une lumière vive sur le camp, mais l’atmosphère était lourde, emplie de nervosité. Les félins du Clan de l’Ombre se préparaient en silence pour la bataille imminente contre le Clan de l’Épine. Chacun savait qu’avant la fin de la journée, ils seraient en train de défendre leur territoire, leur honneur, et peut-être même leur vie.

Nuage d’Éclair était assis un peu à l’écart, essayant de calmer les battements de son cœur en regardant les guerriers s’organiser. Même si son corps était prêt, son esprit bouillonnait de pensées troublantes. Il se demandait ce que serait ce premier combat, et s’il était vraiment à la hauteur des attentes de son clan.

Alors qu’il était plongé dans ses réflexions, il aperçut Cœur de Flamme s’approcher de lui. Dans sa gueule, elle tenait une grive dodue, qu’elle déposa devant lui d’un geste doux.

« Prends ça, » dit-elle en s’asseyant à ses côtés. « Il faut que tu manges quelque chose avant la bataille. »

Nuage d’Éclair baissa les yeux sur la grive, puis regarda Cœur de Flamme avec surprise.

« Merci, Cœur de Flamme, mais… tu sais, je n’ai pas vraiment faim, » murmura-t-il, mal à l’aise.

Elle le fixa, ses yeux brûlant de cette même détermination qu’il lui connaissait.

« C’est justement parce que tu n’as pas faim que tu dois manger, Nuage d’Éclair. Une fois dans la bataille, ton corps aura besoin de toute l’énergie possible. Crois-moi, rien n’est pire que de se sentir faible quand il faut se battre. »

Il hocha la tête, reconnaissant la sagesse dans ses paroles, et prit une bouchée. La saveur de la grive lui donna un peu de réconfort, un rappel de la vie paisible du camp qu’ils allaient défendre. Cœur de Flamme l’observait en silence, semblant perdue dans ses propres pensées.

Après quelques instants, elle prit la parole, sa voix plus douce qu’à l’accoutumée.

« C’est ta première bataille, n’est-ce pas ? »

Nuage d’Éclair hocha la tête.

« Non, la deuxième » répondit-il, tentant de garder une voix assurée.

« J’ai passé mon apprentissage à m’entraîner pour ça, mais… maintenant que le moment est venu, j’avoue que… j’ai un peu peur. »

Cœur de Flamme eut un sourire compatissant et posa sa queue contre son épaule, comme un signe de soutien.

« Tous les guerriers ressentent ça avant une bataille, même ceux qui ont déjà combattu. La peur nous rappelle que la vie est précieuse et qu’il vaut la peine de la défendre. »

Elle marqua une pause, avant d’ajouter :

« Ce n’est pas l’absence de peur qui fait de nous de vrais guerriers, c’est ce qu’on choisit de faire malgré cette peur. »

Nuage d’Éclair la regarda, touché par la profondeur de ses paroles. Cœur de Flamme n’était pas la guerrière la plus expérimentée, mais elle avait toujours une sagesse unique, un mélange de fougue et de bienveillance qui le calmait.

« Tu sais, je veux faire mes preuves, » murmura-t-il en regardant ses pattes. « Prouver à Étoile du Pommier, à Griffe de Brume… et même à Plume de Corbeau, que je suis digne d’être un guerrier. »

Cœur de Flamme inclina la tête, réfléchissant à ses mots.

« Tu le prouveras, j’en suis certaine. Mais souviens-toi que tu n’as rien à prouver à personne d’autre qu’à toi-même. Être un guerrier, ce n’est pas seulement se battre et remporter des victoires. C’est aussi rester fidèle à soi-même et à ceux qu’on aime. »

Ils restèrent un instant en silence, chacun perdu dans ses pensées. Puis elle ajouta doucement :

« Promets-moi une chose, Nuage d’Éclair. Peu importe ce qui arrive aujourd’hui, garde ton courage et ton cœur intact. Ne laisse pas la haine ni la rage te dévorer. »

Il la regarda, absorbant chaque mot, et hocha la tête.

« Je te le promets, Cœur de Flamme. Je resterai fidèle à moi-même et à notre clan. »

Elle lui adressa un sourire, un mélange de fierté et d’inquiétude, puis se redressa.

« Bien. Termine cette grive, jeune apprenti. Le Clan de l’Ombre a besoin de guerriers solides. »

Il la regarda partir, la flamme de la détermination brûlant à nouveau dans son regard. Ce moment partagé avec Cœur de Flamme lui avait redonné courage et clarté d’esprit. Tandis qu’il achevait la grive, il se jura de tout donner pour défendre son clan – sans perdre de vue ce qu’il était, ni ce qui comptait vraiment.

Ainsi, juste avant de rejoindre ses camarades pour l’ultime préparation, Nuage d’Éclair sentait une force nouvelle. Dans son cœur résonnait la promesse faite à Cœur de Flamme, et il savait qu’il ferait tout pour l’honorer.

Chapitre XXII[]

Le crépuscule jetait une lumière rougeâtre sur la forêt, créant des ombres qui dansaient sur les arbres tandis que les félins du Clan de l’Ombre s’avançaient en silence vers la frontière. Nuage d’Éclair sentait chaque muscle de son corps tendu, son cœur battant si fort qu’il avait l’impression que tout le monde pouvait l’entendre. À ses côtés, Griffe de Brume avançait d’un pas ferme, les yeux fixés droit devant lui, concentré. Cœur de Flamme était non loin, ses muscles roulants sous son pelage roux, prête à défendre son clan coûte que coûte.

Quand ils atteignirent le lieu de l’affrontement, une odeur étrangère leur parvint – l’odeur des guerriers du Clan de l’Épine. Nuage d’Éclair dressa les oreilles, tentant de se concentrer sur les sons et mouvements autour de lui. Il avait appris à repérer la présence de l’ennemi, à détecter chaque mouvement entre les feuilles et les branches. Malgré ses entraînements, la peur persistait, mêlée à l’adrénaline qui pulsait dans ses veines.

Les deux clans se firent face, un mur de regards farouches et de corps tendus prêts à bondir. En tête de la patrouille ennemie se tenait Plume de Corbeau, le regard sombre et déterminé. Voir son ancien mentor dans les rangs adverses fit frémir Nuage d’Éclair ; il le connaissait si bien, mais aujourd’hui, ils étaient devenus ennemis.

Étoile du Pommier, de son côté, s’avança d’un pas, la queue haute.

« Clan de l’Épine ! Vous n’avez aucune raison de traverser nos frontières et d’envahir nos terres. Rentrez chez vous et il n’y aura pas de sang versé aujourd’hui ! »

Etoile du Corbeau répliqua d’une voix froide, le regard brillant d’une haine indéfectible.

« Ce sont vos félins qui ont trahi les frontières en premier. Nous réclamons justice, et nous ne partirons pas tant que l’honneur de notre clan ne sera pas lavé ! »

Étoile du Pommier feula, sa queue battant l’air comme un fouet.

« Très bien, puisque vous choisissez la violence, vous serez accueillis comme il se doit. Guerriers, préparez-vous ! »

Ce fut comme si le monde entier retenait son souffle pendant une fraction de seconde. Puis, dans un seul cri de guerre, les deux clans se jetèrent l’un sur l’autre, et la forêt se remplit des sons de la bataille : des feulures, des cris de rage et des coups de griffes sur les écorces et les peaux.

Nuage d’Éclair fut emporté dans le chaos presque immédiatement. Un guerrier du Clan de l’Épine bondit sur lui, tentant de l’attraper par l’épaule. D’un réflexe rapide, Nuage d’Éclair esquiva le coup, sentant la griffe frôler son pelage. Il roula sur le côté et, d’un bond agile, contre-attaqua, frappant le guerrier ennemi d’un coup de patte bien placé. Ce dernier feula et recula, lui laissant le temps de se redresser.

Mais Nuage d’Éclair n’eut pas de répit. À peine avait-il repris son souffle qu’un autre adversaire, plus massif, se précipita vers lui. Cœur de Flamme apparut soudain à ses côtés, feulant avec férocité. Elle se jeta sur le grand guerrier, ses crocs brillants sous la lumière déclinante, luttant pour lui offrir une ouverture. Nuage d’Éclair, profitant de l’aide de la guerrière rousse, attaqua de nouveau avec force et précision.

Griffe de Brume, non loin de là, faisait pleuvoir ses griffes sur un autre adversaire, sa queue battant l’air tandis qu’il se défendait avec la férocité d’un félin qui sait que tout est en jeu. De temps en temps, il jetait un regard vers son apprenti pour s’assurer que Nuage d’Éclair tenait bon, mais il était lui-même submergé par les attaques de deux guerriers du Clan de l’Épine.

La bataille se poursuivait, les cris et le fracas emplissant la forêt d’une violence sans précédent. Nuage d’Éclair, malgré son entraînement et ses réflexes, commençait à sentir la fatigue gagner ses membres. Il enchaînait esquives et attaques, défendant son clan avec un mélange de peur et de bravoure, poussé par les mots de Cœur de Flamme. Mais la réalité de la bataille s’avérait bien plus brutale que tout ce qu’il avait imaginé. Pour la première fois, il se rendait compte que chaque coup porté pouvait être décisif, que chaque erreur pouvait lui coûter la vie.

Il croisa le regard d'Etoile du Corbeau au milieu du tumulte. Son ancien mentor, pris dans un duel avec un guerrier du Clan de l’Ombre, l’observa un instant, une lueur indéchiffrable dans les yeux. Nuage d’Éclair y perçut peut-être de la nostalgie, ou de la pitié – il ne savait plus. Mais l’instant passa, et Etoile du Corbeau reporta toute son attention sur son adversaire.

Soudain, un cri perçant retentit à sa droite. Cœur de Flamme venait d’être blessée par un ennemi qui l’avait attaquée en traître. Nuage d’Éclair, le cœur battant à tout rompre, accourut vers elle pour l’aider. Malgré la douleur évidente, elle le regarda et hocha la tête, indiquant qu’elle pouvait continuer.

Mais avant qu’ils ne puissent réagir, un autre guerrier du Clan de l’Épine fondit sur eux, un éclat de haine dans les yeux. Nuage d’Éclair se positionna instinctivement entre lui et Cœur de Flamme, prêt à tout pour la protéger, le corps tendu et les griffes prêtes.

La bataille faisait rage, chaque félin donnant tout pour défendre son clan, pour honorer ses promesses. Dans ce tourbillon de bruit et de fureur, Nuage d’Éclair comprenait enfin ce qu’était vraiment être un guerrier – c’était se battre pour ceux qui comptaient, même quand la peur et l’incertitude nous dévoraient.

Mais au fond de lui, une question restait sans réponse : comment cette bataille allait-elle se terminer ?

Chapitre XXIII[]

Les cris et le fracas de la bataille s’éteignirent progressivement, remplacés par un silence lourd et oppressant. Les guerriers des deux camps restaient immobiles, le souffle court, couverts de griffures et de morsures. La clairière portait les marques de l’affrontement : la terre était retournée, tachée de sang, les buissons déchirés, et les félins du Clan de l’Ombre comme du Clan de l’Épine se tenaient debout, les membres tremblants, mais tous encore en vie.

Étoile du Corbeau, à présent le chef incontesté du Clan de l’Épine, s’avança vers Étoile du Pommier. Le silence tomba encore plus lourdement sur la clairière lorsque les deux chefs se retrouvèrent face à face. Nuage d’Éclair observait la scène, le souffle court, le cœur battant encore de l’adrénaline de la bataille. Il avait combattu avec toutes ses forces, inspiré par les mots de Cœur de Flamme et le désir de protéger son clan. Maintenant, il sentait la fatigue s’infiltrer dans chaque muscle de son corps, mais il restait attentif, curieux de la suite des événements.

Étoile du Corbeau, la voix rauque et fatiguée, s’adressa à Étoile du Pommier.

« Nos deux clans ont versé du sang aujourd’hui, et nous avons prouvé notre force et notre détermination. Mais je n’ai jamais souhaité la destruction de nos clans, pas plus que je n’ai voulu un conflit éternel. »

Il jeta un coup d’œil autour de lui, observant les visages épuisés et les blessures de chaque guerrier, puis reporta son attention sur le chef du Clan de l’Ombre.

Étoile du Pommier baissa légèrement la tête, ses yeux exprimant un regret sincère.

« Étoile du Corbeau… J’ai commis une erreur en te bannissant injustement. Aujourd’hui, en voyant le courage de ton clan et la dignité avec laquelle tu as mené ce combat, je comprends la gravité de cette faute. Je te demande pardon. »

Un murmure de surprise se propagea dans les rangs des guerriers de chaque clan. Nuage d’Éclair, bien qu’épuisé et meurtri, ressentit une vague de soulagement. Voir Étoile du Pommier reconnaître ses erreurs devant tout le monde lui donnait de l’espoir pour l’avenir. Il comprenait maintenant que, malgré les tensions et les combats, il existait encore une possibilité de réconciliation.

Étoile du Corbeau hocha lentement la tête, son regard adouci par un pardon sincère.

« J’accepte tes excuses, Étoile du Pommier. Que cette bataille soit la dernière entre nos clans… au moins pour les deux lunes à venir. » Sa voix était ferme, mais il y avait une chaleur dans son ton, comme s’il voulait signifier que l’amitié passée n’était pas complètement effacée.

Avec un respect mutuel renouvelé, les deux chefs échangèrent un regard de compréhension. Étoile du Corbeau fit signe à ses guerriers, et le Clan de l’Épine commença lentement à se retirer de la clairière, certains soutenant les blessés, d’autres marchant avec difficulté, mais tous debout, fiers.

Alors qu’il regardait son ancien mentor s’éloigner, Nuage d’Éclair sentit une impulsion irrésistible et s’avança précipitamment. Il rattrapa Étoile du Corbeau, son pelage frémissant d’émotion.

« Plume de Corbeau… enfin, Étoile du Corbeau… » murmura-t-il d’une voix émue, se sentant à nouveau comme l’apprenti insouciant qu’il avait été à ses côtés.

Étoile du Corbeau le regarda avec douceur.

« Nuage d’Éclair, » dit-il doucement, sa voix teintée d’une affection paternelle. « Je suis fier de toi. Aujourd’hui, tu as montré un courage et une loyauté digne des plus grands guerriers. Continue sur cette voie, et tu deviendras un pilier pour ton clan. »

En entendant ces mots, Nuage d’Éclair ne put retenir un élan de tendresse et s’approcha pour câliner son ancien mentor, frottant doucement sa tête contre son flanc. Il sentit la chaleur rassurante de son ancien mentor, un instant suspendu hors du temps, comme si la bataille n’avait jamais eu lieu et que leur lien restait intact.

Étoile du Corbeau posa doucement sa queue sur l’épaule de Nuage d’Éclair, un geste d’affection et de bénédiction. Puis il recula, les yeux brillant de fierté.

« Prends soin de toi, jeune guerrier. » Et sur ces mots, il rejoignit son clan, laissant derrière lui Nuage d’Éclair, qui le regardait s’éloigner avec un mélange de tristesse et de gratitude.

Alors qu’il se tournait pour rejoindre ses camarades, Nuage d’Éclair sentit quelque chose dans son pelage, un léger frottement contre sa peau. Curieux, il plongea sa patte dans sa fourrure et sentit un objet dur. Il le tira délicatement et découvrit une petite plume noire. Son cœur se serra – c’était un message silencieux de son ancien mentor, une trace de leur lien, une promesse muette qu’il n’oublierait jamais.

Il retourna au camp aux côtés des siens, la plume soigneusement gardée dans sa fourrure, tandis que le Clan de l’Ombre se regroupait, prêt à soigner ses blessures. La bataille avait laissé des cicatrices profondes, mais elle avait aussi ouvert la voie à un avenir plus pacifique.

Et, alors que la nuit tombait, Nuage d’Éclair s’endormit avec la plume d’Étoile du Corbeau près de lui, le cœur empli d’une force nouvelle et d’un espoir discret pour les jours à venir.

Chapitre XXIV[]

La lune pleine brillait au-dessus de la clairière, inondant le camp du Clan de l’Ombre d’une lueur argentée et paisible. Tous les membres du clan s’étaient réunis autour de la pierre sacrée, attendant avec impatience la cérémonie de nomination de Nuage d’Éclair, qui allait enfin devenir guerrier.

Nuage d’Éclair se tenait au centre de la clairière, le pelage soigneusement lissé. Ses yeux brillaient d’une excitation contenue et d’une profonde fierté. Il savait que ce moment n’était pas seulement une étape dans sa vie, mais aussi une marque d’honneur pour son ancien mentor, Étoile du Corbeau, qu’il respectait toujours et dont il gardait la plume noire cachée dans sa tanière.

Étoile du Pommier s’avança et leva la tête vers la lune, appelant les guerriers des étoiles à bénir cette cérémonie. Sa voix puissante résonna dans le silence de la nuit :

« Moi, Étoile du Pommier, chef du Clan de l’Ombre, je demande à nos ancêtres d’observer cet apprenti. Il s’est entraîné dur pour comprendre les lois de notre code et défendre notre clan au péril de sa vie. Ce soir, il a prouvé sa valeure en protégeant et combattant au côté de son clan. Je demande à présent qu’ils le reconnaissent comme un guerrier à part entière. »

Il plongea son regard dans celui de Nuage d’Éclair, et continua avec solennité :

« Nuage d’Éclair, toi qui as prouvé ta bravoure et ta loyauté en ces jours difficiles, il est temps pour toi de recevoir ton nom de guerrier. Désormais, tu porteras le nom de Corbeau Éclairci, en hommage à ton ancien mentor et à l’esprit de loyauté qu’il t’a transmis. Que tu portes ce nom avec fierté et honneur, et que ton cœur reste pur comme la lumière de l’aube. »

Les membres du clan commencèrent à murmurer le nouveau nom avec enthousiasme, leurs voix s’unissant dans un murmure qui se transforma peu à peu en un chœur puissant.

« Corbeau Éclairci ! Corbeau Éclairci ! Corbeau Éclairci ! »

Le jeune guerrier sentit une vague de chaleur l’envahir, ses yeux se posant un instant sur le ciel étoilé. Il savait que là-haut, Étoile du Corbeau observait avec bienveillance, et il espérait de tout cœur lui faire honneur en portant son nom.

Alors que le clan l’entourait pour le féliciter, Cœur de Flamme se faufila à ses côtés, le regard brillant d’admiration.

« Félicitations, Corbeau Éclairci ! C’est un nom qui te va à merveille. Étoile du Corbeau serait fier de toi. »

Corbeau Éclairci hocha la tête, une lueur déterminée dans les yeux.

« Je me battrai toujours pour honorer son souvenir… et celui de tous ceux qui ont compté pour moi. »

Il jeta un regard vers son chef, Étoile du Pommier, avec un profond respect. Cette cérémonie marquait la fin de son apprentissage, mais aussi le début d’une nouvelle vie, celle de guerrier, un destin qu’il acceptait avec tout le courage et la détermination qui faisaient de lui le fier félin qu’il était devenu.

Ce soir-là, tandis que la lune continuait de briller au-dessus du camp du Clan de l’Ombre, Corbeau Éclairci s’endormit pour la première fois dans la tanière des guerriers, le cœur empli d’un mélange de paix et de force. Les épreuves du passé étaient derrière lui, et l’avenir lui semblait rempli de promesses.

Bravo! Tu as fini le Tome II? Alors laisse un avis ou une théorie! Je t'invite à aller lire le Tome III!

Advertisement