Semaine 1 :[]
Lundi :[]
Bonjour. Je suis Pelage Léger, et je suis guerrier au sein du Clan des Champignons. Je suis un chat seul, et sans famille. Je suis très écarté du clan, car ils ont peur de moi. Ou peut-être qu’ils ne savent pas que j’existe. Quand je suis devenu guerrier, personne n’était là. Il n’y avait que moi, et le chef. C’est aussi le chef qui m’a entrainé quand j’étais apprenti. À ce moment-là, il n’y avait personne non plus. Et le chef, qui m’avait entrainé, puis rendu guerrier, est mort, lors d’une bataille, et depuis, personne d’autre que moi ne me connaît. Ma famille est morte quand j’avais seulement quelques lunes. Aujourd’hui, je ne fais rien. Ou presque. J’ai commencé à vous raconter ma triste histoire. J’ai attrapé un lapin. Et l’ai dévoré seul. Je ne respecte sûrement pas le code du guerrier. Mais peu importe. Personne ne le sait. Personne n’a envie de le savoir. Je vais m’endormir, et me réveiller demain matin, au moins, j’aurais tué le temps.
Mardi :[]
Je me suis réveillé. Que vais-je donc faire aujourd’hui pour me débarrasser de l’ennui ? Je fais ça toute la journée. Je fais des choses inutiles, longues, et énervantes, mais au moins, je ne m’ennuie pas.
Il est midi. J’en ai marre de manger des proies que j’ai chassées. J’ai fini par manger de l’herbe. Je dois avouer que le goût est surprenant. Demain, je goûte aux feuilles. Et si c’est mauvais, il se sera passé quelque chose de drôle, pour une fois. Maintenant, je sais quoi faire. Je vais gratter le sol, longuement. Je m’y creuserais un terrier. Comme un lapin. Au moins, je saurais ce que c’est, d’être un lapin.
En creusant, j’ai trouvé un os. Je me le suis frotté contre le dos. Pour me gratter. C’était bizarre.
Mercredi :[]
J’ai attrapé la feuille. Mais il y en a d’autres. Une rouge, une jaune, une verte... certaines sont plus foncées que d’autres. J’ai réuni un maximum de feuilles différentes. La rouge n’a pas de goût. La jaune non plus. Celle qui est orange, un petit peu. Elle était assez bonne. La vert foncé était sucrée. Mais je ne veux plus goûter d’autres feuilles. Un chat du clan arrive. Il me voit. Je ne sais pas s’il m’a vu, tout compte fait. Il avançait en face de moi, puis à un moment, il s’est décalé. Passant à coté de moi. Il n’avait pas lâché un seul mot. Je lui sauta dessus. Mes griffes traversèrent son cou. Et mes crocs se plantèrent dans ses pattes. Immobile, il était à ma merci. Alors je le tuai. Pour me venger. Je me sens mieux maintenant. Parfaitement mieux.
Jeudi :[]
Mon terrier est maintenant plus grand. J’ai un endroit pour dormir, un endroit pour rentrer et sortir, et un endroit pour manger. Je compte l’agrandir un peu plus. En rajoutant une salle pour cacher les corps. J’ai décidé d’aller chasser. Mais je vois un autre chat. Il a l’air de chercher quelque chose, ou quelqu’un. Je le vois de l’entrée de mon terrier. Alors je me cache. Pour ne pas me faire repérer. Il se retourne. Je bondis. J’atterris sur son dos. Il se débat, mais... je l’achève d’un coup de croc dans la nuque. Il tombe, et je le traine dans mon terrier. Cette fois-ci, je vais m’amuser. Je me suis amusé. Je l’ai dévoré. Et j’ai creusé un trou pour y jeter les restes.
Vendredi :[]
De ma cachette, j’entends le nouveau chef du clan. Il crie :
« Que tous ceux qui sont en âge de chasser s’approchent du Promontoire pour une assemblée du clan ! »
Tous les guerriers s’approchent. Le chef crie de nouveau :
« Plusieurs guerriers ont disparu. Un chat étranger attaque notre clan, je pense. Nous devons nous mettre en garde ! »
Toute l’assemblée a été surprise. Personne ne s’y attendait. À part moi. Car je savais ce qui se passait. Mieux que personne.
Samedi :[]
Aujourd’hui, rien de très passionnant. Pour une fois, j’avais peur. Peur. Peur de me faire attraper. Mais cette peur me donna envie de continuer. Ce que je vais faire. Un chat noir aux yeux oranges s’approcha. Je me préparais à bondir. Et là, c’est le drame. Il tourna la tête, puis me vit dans mon trou, et derrière moi, le corps d’un de ses camarades. Il fonçait vers son camp, mais je sautai, et l’abattis. Mes pattes ruisselaient de sang, mais peu importe. Je me suis protégé. Je trainai le corps en direction de mon terrier, et y cacha les restes. Et une montée d’adrénaline pour la journée. Parfait.
Dimanche :[]
Toute la nuit, des voix me parlaient :
« Pelage Léger, qu’as-tu fait !? »
« J’ai honte de toi ! »
J’avais l’impression de regarder mon reflet dans l’eau du lac quand je regardais le chat qui me parlait. Je l’ai mordu, mais aussitôt, j’ai eu mal là où je l’avais mordu.
Je compris une chose :
J’avais affaire à ma conscience.
Semaine 2 :[]
Lundi :[]
« Pelage Léger, j’ai honte de toi ! »
Ma conscience le parlait encore.
-Tais-toi !
-Tu ne peux pas m’arrêter, si tu m’attaques tu souffriras aussi !
-Oui, mais ça veut dire que toi non plus ! Donc tu sers à rien ! Alors tais-toi !!
-Je continuerai à te tourmenter jusqu’à ce que tu t’arrêtes !
Je vis un chat de mon clan. Je me cachai vite, pour l’attaquer. Il avançait, l’air de rien, sans s’attendre à quoi que ce soit. Je bondis, et lui griffai la patte, pour l’immobiliser, lui plantai mes crocs dans la gorge, et lui ouvris le ventre, pour enfin le tirer dans mon terrier, raide mort, sous l’horripilation de ma conscience.
« Argh ! C’est horrible ! Comment as-tu pu faire ça sans remords ? »
« J’ai juste tué un chat, rien de plus. »
Je m’endormis dans ma tanière, une activité quotidienne non déplaisante.
Mardi :[]
-Ferme la !!!
Encore ma conscience qui me tourmente.
-Si tu continues, aujourd’hui, je vais tuer... quatre chats !
-QUATRE !!!??? S’écria ma conscience.
-Oui, quatre. Répondais-je.
-Tu es fou !
-Rappelle-toi que je suis toi.
-Je suis ta conscience ! Pas ta nouvelle nature de tueur ! Je ne suis pas un assassin !
-Ah sûrement mais moi si !
-Mais regarde-toi ! Une couleur de sang s’imprime presque sur ta rétine, ce qui laisse une trace rouge apparente !
-Très bien... mais je m’en fiche. Une trace rouge ou pas, quelle importance ?
Ma conscience me griffa au visage.
-Mais ! Pourquoi as-tu fait ça !? Tu t’es blessé tout seul !
-On appelle ça le sacrifice...
-Ah oui je connais ce mot plein de gens « se sont sacrifiés » pour apaiser mon ennui...
-Comment peux-tu dire une chose pareille ?
-Très bien je vais trucider ces quatre chats alors !
-Non ! Arrête... Pelage Léger... Je t’en supplie...
-Très bien...
Mercredi :[]
Toute la nuit, j’ai pensé à un plan diabolique pour embêter ma conscience. Je ne sais pas si c’est possible, mais je vais tout de même essayer...
Je n’ai qu’à penser très fort. Très très fort. À celui que je veux à mes côtés.
Dans ma tête, je voyais ma conscience en train de trainasser sur le sol. Parfait. Le voici ! Il approche lentement.
« Coucou ! »
Ma conscience sauta en l’air de sursaut, ce qui me fit bien rire. Rire. Rire. Ça fait tellement longtemps. Tellement longtemps que je n’ai pas ri.
Celui que j’avais appelé n’était autre que la seconde partie de ma conscience. Son inverse.