Résumé[]
Sauge Flétri se sent seul depuis le bannissement de la quasi-totalité de sa famille, il essaie de renouer avec ses camarades qui à son grand désarroi le considèrent comme un traître gracié.
Allégeances[]
Clan du Tonnerre[]
Chef : Étoile de Pâquerette
Lieutenant :
Guérisseuse : Nuit de Jais
Guerriers :
- Cœur d'Artichaut
- Pluie de Tulipe
- Sauge Flétri
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Apprentis :
- Nuage d'Agave
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Reines :
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Anciens :
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Clan du Vent[]
Chef : Étoile x
Lieutenant :
Guérisseuse :
Guerriers :
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Apprentis :
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Anciens :
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Clan de l'Ombre[]
Chef : Étoile x
Lieutenant :
Guérisseuse :
Guerriers :
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Apprentis :
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Reines :
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Anciens :
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Clan de la Rivière[]
Chef : Étoile x
Lieutenant :
Guérisseuse :
Guerriers :
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Apprentis :
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Reines :
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Anciens :
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Prologue[]
Sauge Flétri se sentait vivant, la chasse avait été bonne, et il rentrait au camp avec sa famille, le cœur léger. Nuit de Jais avançait devant lui, calme et majestueuse comme à son habitude, tandis que Nuage d’Agave trottinait à ses côtés, ses yeux pétillants de fierté après avoir capturé un écureuil presque aussi gros qu'elle. Cœur d'Artichaut fermait la marche, portant une grive grasse entre ses mâchoires puissantes, ses yeux perçants scannant les environs. Même Pluie de Tulipe, qui semblait toujours avoir une réflexion profonde en tête, avait souri légèrement en félicitant sa fille pour son agilité.
Le soleil perçait doucement à travers les branches, et Sauge Flétri ressentait une complicité rare avec sa famille, une harmonie précieuse qu’il chérissait plus que tout à cet instant. Il n’y avait pas de murmures aujourd’hui, pas de regards en coin. Juste le plaisir de partager une chasse avec ceux qu'il aimait. Tout allait bien. Tout était normal. Mais alors qu'ils franchissaient l'entrée du camp, une atmosphère étrange s’abattit sur eux.
Le camp entier semblait en attente, comme figé dans un moment suspendu. Les guerriers étaient rassemblés en un cercle large et silencieux, leurs yeux fixés sur le Grand Rocher. Au sommet, Étoile de Pâquerette les observait déjà, solennelle. Aux côtés du chef, se tenaient les anciens du clan, les visages fermés et graves. Sauge Flétri plissa les yeux, déconcerté. Il n’y avait pas eu d’annonce de rassemblement. Et pourtant, toute la tribu était ici, immobile, comme si quelque chose de terrible venait de se produire. Une étrange tension vibrait dans l’air au même rythme que les chuchotements qui circulaient. Il sentit une vague d'inquiétude remonter le long de son échine.
« Qu’est-ce qu’il se passe ? » Murmura-t-il à Nuage d’Agave, qui haussa les épaules, aussi perplexe que lui.
Pluie de Tulipe, d’ordinaire si impassible, n’avait plus cette insouciance dans le regard. Nuit de Jais semblait étrangement sereine, presque déconnectée de l'atmosphère pesante qui enveloppait le camp. Quant à Cœur d'Artichaut, il avançait avec une confiance calme, comme s’il savait déjà ce qui l’attendait. Sauge Flétri se rapprocha de sa mère, cherchant du réconfort dans sa présence, mais avant qu’il ne puisse lui parler, Étoile de Pâquerette leva la queue pour appeler au silence.
« Aujourd'hui, le Clan du Tonnerre se trouve à une croisée des chemins. La trahison ne peut rester impunie, et les lois du code du guerrier sont claires. »
Ces mots frappèrent Sauge Flétri comme un coup de vent glacé. Trahison ? Son cœur s'accéléra.
Ses yeux se tournèrent, incrédules, vers ses parents, sa sœur et son frère. Tout autour de lui, des murmures sourds se répandaient parmi les guerriers rassemblés. Certains regardaient Nuit de Jais avec des yeux agrandis de stupeur. D’autres échangeaient des regards avec Cœur d'Artichaut, comme s’ils venaient de comprendre quelque chose d’effroyable. Étoile de Pâquerette laissa planer un silence lourd avant de reprendre, sa voix coupant l’air comme une griffe acérée.
«Nuit de Jais… toi qui portais le savoir ancestral des guérisseurs, à qui nous avons confié nos vies, tu as choisi une voie d’ombre.» Le chef fixa la guérisseuse, sa voix emplie de fureur.
«En empoisonnant les tiens, tu as arraché la vie de guerriers qui auraient renforcé notre clan ! Leur seul crime était d’être trop prometteurs ! Qu’as tu pour te défendre ?»
Le cœur de Sauge Flétri manqua un battement. Poison ?
Cela devait être une erreur. Nuit de Jais était la guérisseuse la plus respectée du clan. Il ouvrit la bouche, prêt à défendre sa sœur, mais la froideur de son regard lui coupa la voix. Nuit de Jais n’était pas surprise, elle ne montra pas la moindre trace de remords. Elle se contenta de relever la tête avec une lueur défiante dans le regard.
«Ils étaient une menace pour l’équilibre. J’ai fait ce que je devais faire.»
Sa voix résonna dans le camp avec une certitude glaçante. Sauge Flétri recula d’un pas, complètement abasourdi. Tout son monde vacillait sous ses pattes. Comment Nuit de Jais pouvait-elle dire cela ? Comment pouvait-elle… admettre une telle chose ?
Mais Étoile de Pâquerette n’en avait pas terminé. Son regard glissa vers Cœur d'Artichaut, qui se tenait aussi droit qu’un arbre en pleine tempête.
«Cœur d'Artichaut… Guerrier respecté, chasseur intrépide, tu as vendu nos proies aux ennemis du Clan. Tu as trahi ceux qui ont partagé la chasse avec toi.» La voix du chef vibrait de colère contenue.
Sauge Flétri écarquilla les yeux. Des proies ? Aux ennemis ?
Cœur d'Artichaut, son frère, celui avec qui il venait de chasser paisiblement, avait osé commettre une telle ignominie ? Mais à nouveau, aucune honte ne transparaissait sur le visage d’Cœur d'Artichaut, uniquement de l’arrogance.
«Pourquoi me contenter d’être un guerrier quand je peux être chef ? Le Clan du Tonnerre a besoin de force, et tu es trop aveugle pour voir que l’avenir m’appartient.»
Sauge Flétri sentit son souffle lui manquer. Chef ? Cœur d'Artichaut voulait prendre la place d’Étoile de Pâquerette ?
Il se tourna vers sa mère, mais elle restait impassible, les yeux fixés sur le Grand Rocher comme si tout cela avait été prévu. Puis vint le tour de Nuage d’Agave.
«Nuage d’Agave… toi qui étais pleine de promesses, tu as livré nos secrets, nos stratégies et nos faiblesses à ceux qui veulent notre destruction. Pourquoi ?»
On pouvait y voir brièvement une lueur de compassion dans son regard, mais elle fût vite balayer par de la haine. Sauge Flétri n’en croyait pas ses oreilles. Nuage d’Agave, ma petite sœur, trahir le Clan du Tonnerre ? Impossible !
Il la regarda, espérant lire l'incompréhension dans ses yeux, mais à nouveau, il ne vit que de la fierté.
«Parce que ce clan est aveugle. Nos traditions nous condamnent à la faiblesse. Il était temps de dévoiler nos failles.» Répondit l’apprentie sans faillir devant toute l’attention que lui portait le clan.
L'esprit de Sauge Flétri tourbillonnait. Rien de tout cela n’a de sens ! Comment avaient-ils pu faire ça ? Pourquoi ne m’a t’on rien dit ?
Il partageait leur sang, il avait grandi avec eux, et pourtant ils lui apparaissaient maintenant comme des étrangers. Étoile de Pâquerette acheva enfin son implacable énumération en se tournant vers Pluie de Tulipe.
«Pluie de Tulipe… toi qui étais une mère et une mentor, tu as recruté des solitaires pour semer la confusion sur notre territoire. Tu as mis en danger nos frontières et perturbé l’ordre que nous avons tant peiné à protéger.»
Pluie de Tulipe leva fièrement le menton, sans faiblir.
«Ce chaos était nécessaire. Nous sommes devenus faibles, englués dans des traditions qui nous retiennent. Les solitaires ont révélé à quel point nos frontières sont fragiles.»
Le silence tomba tel une pluie glaciale. Sauge Flétri restait là, hébété, à tenter de comprendre. Comment tout cela peut-il être vrai ? Comment ma propre famille a-t-elle pu trahir le clan ?? Sans que personne ne s'en doute ?
Les actes qui semblaient individuels formaient une toile complexe, une conspiration pour détruire l’ordre établi, Étoile de Pâquerette comprit cela à cet instant.
«Vous avez conspiré dans l’ombre pour abattre le Clan du Tonnerre !»
Elle laissa ses mots flotter dans l’air, lourds de sens.
«Pour cela, vous êtes condamnés à l’exil ! Si vous osez revenir, vous serez écorché vif sur le champ ! Tous les clans connaîtront vos crimes à outrance ! Vous n'aurez nul part où vous réfugiez !»
La sentence plomba l'ambiance, d'un air grave, la cheffe foudroie ses ex camarades, presque les maudissant. Les félins quittèrent le camp, la tête haute, tandis que Sauge Flétri restait immobile, perdu, trahi non seulement par son clan, mais par sa propre famille.
Mais alors qu’ils disparaissaient dans l’obscurité de la forêt, une autre réalité s’imposa à Sauge Flétri. Les murmures commencèrent. Ils étaient doux, insidieux, comme le bruissement des feuilles sous la brise. Leurs yeux se tournaient vers lui, et il pouvait sentir leur méfiance croître à chaque instant. Des regards qu’il avait autrefois ignorés commençaient à peser sur lui, des yeux qui auparavant brillaient de bienveillance se sont détournés vers une expression plus sombre.
« Sauge Flétri… Il est de leur famille, après tout…
- Peut-on vraiment lui faire confiance ?
- Qui sait ce qu’il cache ? »
Chaque mot était comme une morsure invisible. Il voulait parler, se défendre, dire qu’il n’avait rien à voir avec tout cela, mais sa gorge se serra. Aucun son ne sortait. Ses pattes semblaient soudain lourdes, et l’air lui-même devenait difficile à respirer. Ils me croient complice.
Il tenta de croiser le regard de ses camarades, espérant y lire de la solidarité, une quelconque étincelle de soutien… Mais tout ce qu’il rencontra, ce furent des yeux détournés, des visages fermés. Ceux qui étaient ses amis, ses camardes, se tenaient désormais à l'écart, comme si un gouffre invisible le séparait des membres de son clan. Il était certain désormais de porter une marque invisible, une souillure impossible à effacer.
Même Étoile de Pâquerette ne lui accorda qu’un regard dur avant de sauter du Grand Rocher, laissant le clan se disperser. Non pitié non ! Bannissez moi au moins avec ma famille ! Ne me faîtes pas ça ! Ne me laissez pas seul !
Sauge Flétri était seul, plus seul qu'il ne l’avait jamais été.